Assurance vie ? Hésitation et décision.
Aujourd’hui, en ce début du mois d’août marqué par le triste anniversaire de l’usage de la bombe atomique à la fin de la deuxième guerre mondiale, je voudrais m’entretenir avec vous d’un homme qui de victime parmi tant d’autres est devenu héros.
Plus précisément, au détour de son évocation, je voudrais ausculter les zones souvent sombres ou alors exposées à des irradiations jugées trop nocives pour la bonne santé de notre existence. Toutes ces zones de notre existence sont concernées par la question de prime de risque. C’est dire que c’est toute notre vie qui y est conviée et rien ne peut échapper, au risque (justement!) de nous méprendre sur ce qui nous sommes.
Takashi Nagaï à accepté de devenir radiologue et soigner les survivants, il en est mort en odeur de sainteté.
D’une irradiation à l’autre, il a courageusement assumé le risque. Si il l’a fait, c’était pour deux raisons conjointes. L’amour de son prochain traduit en terme du devoir l’y a poussé irrésistiblement. Et l’amour de Dieu traduit en termes d’’offrande de sa vie s’est révélé le puissant galvaniseur.
J’en ai été mis au courant à l’occasion d’un Noël au détour duquel une paroissienne m’a offert le livre sur la vie de cet homme-là. Noël est la fête de la naissance de Jésus-Christ, Fils de Marie et en même temps Fils de Dieu. Relier l’épreuve de la vie humaine avec l’incarnation du fils de Dieu, c’est faire le pari d’une connivence indissociable entre la beauté de la grâce et la rudesse de la vie qu’elle ensemence.
C’est donc par une grande mère que j’ai été mis au courant de la vie de Takashi Nagaï. Une grande mère qu’il est aussi difficile d’oublier que d’oublier le livre qu’elle a mis entre mes mains. Difficile d’oublier cette femme, tout comme l’histoire de la vie de ce médecin, frère spirituel pour elle et aussi pour moi…
Les deux sont conjointement rangés dans ma mémoire. Leurs deux histoires, une par le livre interposé, l’autre directement lue dans le livre de la vie autant que le mystère de vie peut, voire doit se livrer. Au point que dans mon souvenir et dans ma conscience leur vie à chacun est liée l’une à l’autre, comme des jumeaux.
Cette mémoire à forme gémellaire, se laisse interpeller et sert de ‘garde manger’ pour lutter contre la fatigue du soleil et l’usure de la volonté qui peuvent être érodées dans cette période pandémique à des conséquences tentaculaires jusqu’aux plus inattendues et pas encore auscultées ou alors déjà occultées.
Deux vies donc se côtoient dans ma mémoire et ma conscience. L’une offerte au Japon, dont la divulgation a eu un retentissement mondial, pas seulement dans les milieux professionnels et religieux. L’autre offerte en France dans une intimité que seulement les anges, chargés du département de la lutte contre l’amnésie existentielle et spirituelle auprès de la cour céleste, sont capables d’en garder la mémoire intacte et de la transformer en louange devant l’Eternel.
La prime de risque n’est pas ce que l’on s’imagine, elle est avant tout le prix à payer avant de se voir éventuellement plus tard décerner un prix comme récompense.
Une générosité au risque d’en laisser des plumes n’est pas du goût de tout le monde. Mon propre goût à cet égard était bien altéré et le livre m’avait permis de sortir un peu de ma réserve. Sortir de l’enclos où l’on s‘est sanctuarisé soi-même est d’abord lié à une prime, celle de danger.
Se sanctuariser soi-même pour protéger l’exemplaire unique d’une pièce en voie de disparition imminente semble être le devoir inaliénable de tout être humain. C’est qui est vrai pour la survie de l’espèce en unique exemple n’est plus vrai dans une situation de vie assumée au delà de ce que la survie exige.
La survie oblige à baisser le pavillon des ambitions pour que le bateau, cette embarcation de fortune, ne soit pas emporté par les flots. C’est une autre manière d’assumer la vie dans la survie et qui peut deviner si le dépassement aura lieu ou pas?
La grande mère demeura grande et sa petite taille ne lui donna aucune chance de se voir hautaine. Elle lui permettait à se mettre à genoux plus vite, sans se poser la question de savoir si une fois raccourcie de la sorte, par le bas, elle allait en pâtir par le haut.
L’offrande de la vie se fait toujours par le bas, en se penchant sur ceux qui sont par terre, tous, parents et grands parents par accumulation de l’expérience, et les professionnels des premiers secours de santé le savent trop bien.
Et comme dit saint Paul, ce baroudeur des étendues terrestres de son époque pour le compte des réalités célestes :
01 – « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante ».
02 – « J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien ».
03 – « J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien ».
04 – « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ».
1ère lettre de Saoint Paul aux Corinthiens au chapitre 13.
On connaît la suite, c’est une liste des situations possibles dans lesquelles une telle attitude peut s’appliquer. Partout ailleurs aussi, car c’est l’histoire d’une vie, vie bien connue, ou vie bien préservée d’une telle renommée, comme celle de Takashi ou celle de la grand-mère.
Leur vie c’est aussi un peu la nôtre et si spontanément l’on pencherait côté grand-mère, son don de vie, j’ose le penser, aux yeux de Dieu n’a pas de valeur moindre que le don de vie de Takashi.
Comme dit sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, fameuse carmélite de Lisieux -je paraphrase-, ce qui compte c’est de vivre d’amour et peu importe si cela remplit un océan ou un dé à coudre, pourvue que cela remplisse à ras le bord le récipient qui symbolise notre vie.
Nous y voilà rassurés et à la même occasion, si besoin, peut-être même guéris de toute velléite de vouloir nous comparer sur l’essentiel de la vie. Nous sommes uniques aux yeux de Dieu et c’est un bon début pour se considérer nous mêmes, ce que nous le savions déjà. Ce qui fait la différence c’est la référence sur laquelle nous alignons une telle affirmation.
“Que ta volonté soit faite Seigneur sur la terre comme au ciel.” Y compris dans le respect de notre singularité qui ainsi mise au contact avec d’autres apporte autant de richesses à partager.
La prime sur le risque est intégrée dans cette singularité et dans ce qu’elle exprime. Elle se communique aux autres comme un don unique pour ajouter ainsi une pièce à l’édifice de la construction d’une maison commune où il est bon de vivre, en paix et dans communion.