En avant propos, sous forme d’un double motto, deux constats tirés de la vie chrétienne :

-Maria Goretti ou l’art de pardonner à l’agresseur

-Jésus n’a pas attendu que l’opinion publique soit prête pour recevoir son enseignement, il en est mort.

 

En lisant le livre consacré au destin exceptionnel d’un polonais de la fin du XIX et début du XX siècle, Bronisław Piłsudski (frère du Maréchal, père de la Pologne Ressuscitée au congrès de Versailles en 1919), condamné à la déportation sur l’île de Sachalin pour la participation à la tentative d’assassinat du tsar Alexandre III, le lien avec Maria Goretti, la sainte adolescente assassinée (dont la mémoire est célébrée ce 6 juillet, au moment de la lecture du livre), paraît évident.

 

L’évidence du lien n’est pas celle du mobile criminel, qui est bien différent, mais celle des circonstances qui accompagnent chacun de ces deux événements classés dans la catégorie des faits divers qui, comme la mort de la Princesse Diana plus proche de nous, défraient les chroniques de leur temps et gravent les mémoires collectives pour bien longtemps.

 

Le thème du pardon est au cœur de ces deux tragédies, et bien évidemment de tant d’autres.

 

Maria Goretti, sans trop réfléchir, tout s’est si vite passé qu’il fallait réagir pratiquement à l’instantané, a réussi à pardonner à son agresseur ; tout en se débattant, davantage préoccupée par le salut éternel de cet intrus cauchemardesque, que de sa propre virginité. 

 

Son pardon a eu aussi ses effets sur l’auteur de l’homicide qui, d’agresseur à caractère sexuel se transforme en meurtrier, et sous l’effet d’une bonne mauvaise conscience (celle qui déclenche le processus de libération du mal) finalement accède à l’accueil de la miséricorde. Sans omettre de faire un long travail pour se retrouver en lui-même avec sa sensibilité ainsi marquée par l’homicide et la miséricorde. 

 

Malgré la similitude, c’est tout autrement pour l’ami de Bronisław Piłsudski. Bronisław et son ami, encouragés par la réussite de l’assassinat du Tsar Alexandre II, participent à la tentative d’assassinat de son successeur, Alexandre III, cette fois-ci ratée. L’implication de chacun est bien différente.

 

Son ami, a outrageusement dénoncé Bronisław -sous la torture certes, mais qui durant les préparatifs de l’attentat avait juré de rien révéler-, mais surtout, car qui peut tenir parole dans de telles circonstances, en alimentant une fausse accusation, ce qui a contribué à aggraver la peine de Bronisław.

 

Pour sauver sa peau, le malheureux ami a parlé bien au-delà des limites imposées par des faits réels, ce qui a causé la condamnation de Bronisław à 15 ans de bagne (initialement condamné à la peine capitale) sur l’île de Sakhalin qui était l’équivalent de la Réunion où de l’Australie pour d’autres malheureux.

 

Les deux amis, que désormais tant séparait, se sont retrouvés dans le même convoi, transportés dans le même bateau ; une dizaine de navires à vapeur furent construits à la demande d’Alexandre III pour non seulement punir les criminels, mais aussi pour “éloigner et disperser” de la sorte des “manifestants” mécontents. L’embarquement a eu lieu à Odessa.

 

Kanczer, son malheureux ami, a écopé “seulement” de 10 ans de bagne, ce qui est peu en comparaison avec ce qu’a eu à subir Bronisław et surtout les autres, exécutés pour exemple et par respect de la loi.

 

La clémence impériale ne rimait pas toujours avec la justice impérieuse qui supposait que le régime élimine tous les opposants, la seule manière d’assurer l’efficacité; parfois les opposants s’opposaient entre eux ce qui constituait une aubaine pour la police secrète, cela s’est déjà fait par d’autres, elle n’avait qu’à acter. 

 

Le problème c’est qu’il y avait toujours de nouveaux opposants qui, sous forme de la liquide society de l’époque sous le vocable anachronique de be water, jaillissaient de partout comme des tuyaux troués qui arrosent là où on ne le veut pas. Et cela crée le désordre.

 

Mais comme souvent, ce n’est pas forcément celui dont la peine est la plus légère qui s’en sort le mieux, et pourtant, le malheureux imposteur affabulateur qui usait de tels stratagèmes pour sauver sa peau, une fois pris des remords, encore sur le bateau, a déjà demandé à son compagnon d’infortune le pardon, mais cela n’a pas suffi pour sauver sa peau.

 

Fidèlement gardé par Bronisław, qui a sincèrement et totalement pardonné à son ami, le secret fut dévoilé à l’aide d’une publication dans la presse clandestine qui circulait dans le camp.

 

Le malheureux dénonciateur affabulateur fut invité par ses pairs de bagne à “la mort volontaire”. Qui de deux groupes que composaient les déportés, les condamnés de droit commun ou les condamnés politiques envisageait une telle issue, l’histoire ne le dit pas, mais on peut supposer que l’honneur des conspirateurs souillé par une telle “faiblesse”, était touché chez les com-pairs, mais également les autres, qui, bien que chassant sur un autre terrain, avaient aussi des codes de comportements qui se réfèrent à une certaine notion d’honneur.

 

La sentence, que le condamné a exécuté immédiatement à l’aide de ses propres moyens : pour être sûr de ne pas se rater, il s’est administré le poison suivi d’une balle de revolver qui a précipité les effets désirés par les justiciables.

 

L’assassin de l’adolescente sera à la canonisation de sa victime pour magnifier l’attitude de l’adolescente, le conspirateur sera le témoin impuissant d’une vindicte populaire, une sorte d’autodafé pour immoler un “bourreau” qui devient la victime parfaite expiatoire d’elle-même et par la même occasion victime expiatoire pour les autres.

 

Le malheureux agresseur de l’adolescente sera présent à la célébration de la canonisation de sa victime à qui à défaut de satisfaire ses pulsions, lui avait administré des coups de couteau mortels; présent au côté de la mère orpheline de sa fille; présent en criminel, non seulement repenti, mais transformé intérieurement, converti en somme; converti à l’amour, car touché au plus profond de lui-même, “re-devenant” l’enfant de Dieu dont l’identité lui fut révélée, plutôt réveillée dans un corps, certes endolori, mais heureux car libre.

 

Il sera présent dans un endroit où on célèbre la victoire de la grâce sur la nature, d’abord chez sa victime puis chez lui ; un xiasme s’y opère dessinant de ses lignes, invisibles aux yeux des mortels, mais gravées dans les cœurs de ceux qui pardonnent et qui le reçoivent ; Dieu rend libre avant le drame et après.

 

Et surtout après: il rend libre l’adolescente, à travers l’acte héroïque qui lui a coûté la vie et qui de cette liberté en a pu bénéficier surtout durant la vie éternelle; son agresseur et meurtrier, après une longue période de maturation pour accueillir la grâce du pardon; les conspirateurs de Saint Pétersbourg, chemin faisant vers leur Emmaüs de déportation; ils parlaient l’un à l’autre en vérité, vérité qui soulage et renoue avec l’amitié; les deux ont ressenti la libération durant leur vie de longueur inégale sur terre.

 

Le Xiasme des situations aussi, un agresseur qui survit, alors que la victime succombe ; or, chez les deux jeunes gens, le fautif ne survit pas, alors que la victime, si.

 

Ces deux situations posent la question du rapport entre la justice et le pardon, question déjà traitée précédemment dans au moins un des podcasts.

 

Dans le cas du meurtrier de l’adolescente, le pardon a eu ses effets sur la totalité de la vie du meurtrier repenti ; pardon comme puissance nécessaire pour renouer avec la vie libre ; vie délestée du poids inutile des remords ; délestée spirituellement dans la totalité ; le psychosomatique, étant mis sous cloche d’une telle potion aseptisante, pouvait être convié à l’œuvre de guérison.

 

Dans le cas de l’ami conspirateur, les remords délestés par le pardon n’ont pas suffi pour le sauver, lui épargner la vie sauve d’ici-bas, pour ce qui est de l’autre vie, c’est inChallah.

 

Vox populi, quand il n’est pas assorti de son pendant Vox Dei, prend la place de ce dernier, aucun jugement ni comparution des témoins ou parties concernées n’avaient besoin d’être organisées ; la cour composée des comparses n’avait pas à s’embarrasser des procédures longues et inutiles, la conviction d’agir selon la conscience collective s’imposait de façon impérieuse.

 

Le jugement n’était que l’expression de la justice à laquelle aucun repentir ne pourra jamais échapper, car ce qui est jugé ce n’est pas l’homme mais son acte, peu importe comment cet homme est après ; la justice des hommes est implacable, c’est un mal nécessaire qui la distingue de la vengeance (œil pour œil, etc.) qui elle, l’on peut la qualifier de mal gratuit; la justice des hommes dans son idéal est droite et sans pitié, car autrement la pitié, signe de faiblesse dommageable, ferait dévier la droiture de sa si pure trajectoire.

 

C’est presque un esthète qui s’y exprime et nous le sommes tous un peu, celui qui se complaît, car y trouve de la délectation complaisante partagée avec les autres qui pensent comme lui, lui qui, non pas par chance, mais par son propre choix, très conscient, et en gage d’un sommeil profond que rien ne peut perturber, se trouve du bon côté.

 

Si je me suis lancé dans cette réflexion sur la justice et le pardon, c’est à la suite d’une discussion avec un représentant de l’Église catholique qui déplore l’inaction, une véritable inertie, manque d’action de ses com-pairs, et ce dans bien des domaines qui demandent à se situer sous pression de l’évolution sociale qui remet en cause les fondations judéo-chrétiennes telles qu’elles furent appliquées, celles des mœurs y compris. 

 

Il s’agit d’un point particulier, celui de la préparation du terrain d’accueil pour les repentis des actes d’abus sexuels perpétrés et/ou d’emprise psychologique (nécessairement pathologique ?) exercée dans les cadres d’une relation d’accompagnement spirituel où pas.

 

Les propos visent la nécessité de préparer le terrain favorable pour accueillir des repentis, mais ni la société civile ni l’Église, personne n’est prêt à le faire. Et qu’est-ce que l’on fait de ceux qui rechutent ? L’image de Jésus tombé trois fois sous le poids de la croix peut-elle être d’une utilité quelconque pour accueillir un chemin marqué par les hauts et les bas ? 

 

Pour accueillir la vérité sur le chemin de conversion opérée par certains, l’opinion publique n’est pas favorable, dit-on dans les cercles ecclésiastiques ; mais Jésus a-t-il attendu l’audience favorable dans l’opinion publique pour parler comme il le faisait du Royaume à venir ?

 

Paradoxalement, le manque de structures d’accueil de tels repentis, va de pair avec le manque d’espace mental pour l’accueil d’une telle vérité dans l’opinion publique, dans la société, sans doute l’un explique l’autre. Comme toujours, il faut un élément déclencheur pour s’y mettre.

 

Lors de la pandémie, les évêques français se sont rendu compte, non seulement de leur propre isolement, tout comme de l’isolement de tout le monde ; mais aussi à la faveur d’une étude portant sur l’état psychique du clergé diocésain, -qu’ils semblaient ignorer tellement préoccupés par le rendement pastoral-, de l’état moral (dans tous le sens du terme) de leurs collaborateurs de la mission. Il était temps.

 

Y-a-t-il un lien entre la société civile et l’Église pour le non-accueil de certaines évidences, et si oui lequel ? Est-ce inévitable ?

 

Si l’Église se conduit selon les règles qui règnent en maître absolu dans la société civile, elle ne va pas bien. Dans la société civile règnent les idées reçues et pas toujours vérifiées (le wolkisme et d’autres théories du genre grouillent d’un révisionnisme sans bornes). 

 

L’Église de son côté, mue par des rétrécissements théologiques pour défendre les acquis dogmatiques, sans les vérifier, ce qui suppose un travail de “révisionnisme” de bon aloi, elle ne va pas bien. Alors la forme xiasmatique par rapport à la société civile indique la particularité essentielle : plus la société civile qui, tout en ouvrant des champs d’investigation au bénéfice de tout le monde, s’enferme dans son auto-engendrement, plus l’Église devient un réservoir de sens fondé sur le lien avec “quelque chose d’autre”. Pas la seule, mais c’est à elle de composer par le dialogue avec d’autres acteurs religieux au sens large, interreligieux.

 

Sinon, elle cesse d’être le levain dans la pâte, et la pâte sans levure peut vite devenir pâteuse, et ainsi impactée ; l’Église digère mal ce qu’elle absorbe et a ses propres indigestions ou fuites d’urticaires qui mouillent le tissu dont elle est enveloppée, au lieu d’arroser d’eau pure, quitte à procéder aux filtrages purifiants, devient source même de pollution.

 

On s’est bien habitué à l’Église pécheresse qui se convertit dans ses membres, mais on a du mal avec semper reformanda, dans son discours théologique, y compris dans ses structures ; la confusion entre la fidélité à la tradition et le raidissement théologique, la condamne à des discours qui ne rejoignent pas où ne rejoignent plus l’humus humain tel qu’il s’exprime dans sa totalité. 

 

Qui se soucie de l’accueil adapté à leur nouvelle situation, celle des repentis, où le secret prime sur la création des conditions humainement et chrétiennement acceptables ? 

 

Tout en se félicitant à leur place, d’avoir obéi à la loi et ses exigences, on ressent presque une sorte de gêne de les voir si bien avancer sur le chemin de la conversion et ceci pour une raison très simple. Comment les réintégrer dans les structures existantes, qui ne semblent pas faites pour cela ? Ils sont “convertis”, mais jamais en totalité et pour une durée indéterminée, ou plutôt leur état est indéterminé pour une durée de leur vie sur terre. 

 

Faut-il créer des structures sur mesure ? Fatigués par le déclin des forces vives, les évêques n’ont plus la volonté, car ils ne semblent pas disposer des forces nécessaires… pour même discuter… encore de cela… aussi!

 

A la limite, tant que les coupables étaient en prison, cela presque soulageait tout le monde ; dans le cas de la société civile c’est normal, mais l’Église dispose d’autres atouts, bien plus que d’une consolation pieuse.

 

Tout ceci peut paraître exagéré, et sans doute l’est, car malgré la gêne ressentie dans la gestion générale des abus de toutes sortes par les responsables de l’Église, la volonté d’accompagner à l’aide de spécialistes ceux qui sont sur le chemin de conversion est bien présente. Et elle porte ses fruits, mais c’est comme pour les jeunes pousses, c’est délicat et donc fragile, si les aveugles conduisent des boiteux, c’est aux boiteux de dire ce qu’ils voient. 

 

Ce qui semble faire défaut, c’est la volonté et les moyens disponibles pour une réinsertion, non pas par le “bon accueil”, mais par un accueil bon.

 

La délicatesse avec laquelle il conviendrait de procéder suppose respect du for interne dans l’accompagnement spirituelle (qui inclut l’accompagnement humain) qui doit être séparé du for externe dans la gestion des ressources humaines (qui inclut la dimension spirituelle).

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, bien des familles spirituelles constituées récemment où il y a déjà bien longtemps, font de cette confusion un lieu d’exercice d’un pouvoir qui “préserve” de toute influence négative du monde par principe mauvais, car déchu et pas encore sauvé.

 

Cela s’apparente au secret de la confession qui, s’il est mal exercé devient le levier d’exercice du pouvoir sur la société. C’est la société qui en avait surtout besoin, et l’Église s’est bien prêtée au jeu dans la mesure où elle en a fait le lieu d’exercice du pouvoir temporel sous le couvercle du pouvoir spirituel. Et toutes les emprises pouvaient donner libre cours au temps favorable, ce qui semble être le cas des dernières décennies. 

 

Et nous voilà dans la délicate frontière et influence mutuelle entre ces deux réalités, société civile et l’Église. Qui est à l’image de qui ? 

 

Si cette confusion ne conduit pas forcément aux dérives d’abus sexuels, néanmoins existe le risque d’une emprise psychologique malsaine (nécessairement pathologique ?)

 

Nombreuses sont encore les situations, ou les responsables de certaines communautés religieuses (au sens restreint ou large) fonctionnent selon cette non-séparation, ce qui prête à la confusion, et entraîne des attitudes d’emprise, sous le couvercle d’un secret professionnel spirituel interpersonnel institutionnel.

 

La peur de la perte de l’autorité exercée pourtant si “divinement” fondée et sans doute pour la gloire de Dieu et pour le salut des hommes, rend aveugle et insensible à la bonne jonction entre la dimension spirituelle et la dimension corporelle (donc aussi humaine).

 

« Vous ne semblez pas pouvoir réaliser votre vocation dans notre congrégation ? » Constatent bien des fois les responsables des professes chez qui on constate peu d’aptitudes à réaliser la vocation selon les schémas adaptés, ont pourtant réussi l’examen de tami qui les a retenus, pourtant l’insatisfaction est grandissante. La volonté humaine contre la volonté divine.

 

On va donc chercher l’explication du côté d’un manque de vie spirituelle véritable ou encore dans la défaillance psychologique liée à la faiblesse dans l’adversité et l’instabilité émotionnelle qui rapidement invalide le projet. Si ceci est évidemment présent et de plus en plus, le discernement le plus libre de toute emprise s’impose pour savoir pour quelle mission Dieu appelle et quels sont les moyens à mettre en œuvre pour y répondre.

 

Au lieu d’aider à chercher si le choix d’une voie spirituelle était accompli dans la liberté, ce dont on n’était pas forcément conscient (comme pour le libre consentement dans le mariage, dont le caractère évolutif est observable, un bon sujet à développer une autre fois) on va faire montre d’une autorité qui cherche à aider le ou la subordonnée à s’exercer à l’obéissance, à laquelle la vie spirituelle trop faible n’a pas pu le préparer.

 

« Vous voulez vous réaliser dans votre vocation ? », mais cela frôle l’égoïsme : le manque de discernement des véritables aptitudes peut parfois conduire à des tensions inévitables qui provoquent la rébellion ou l’inhibition. Pour exercer votre obéissance (en fait parce que l’on a besoin) vous allez faire la cuisine !

 

Ce détour me semble nécessaire pour éclairer le rapport entre la faute et le pardon.

 

Si le malheureux conspirateur contre le Tsar a dû obéir à la vindicte populaire du groupe, c’est parce que la justice sociale doit s’exercer pour maintenir l’équilibre dans les rapports interpersonnels ; la recherche de la meilleure voie pour permettre à chacun de se réaliser (d’accomplir sa mission !) ne fait pas l’économie de l’auscultation du tissu sensible de l’humus humain imbibé des désirs plus ou moins secrets et souvent peu avouables.

 

La place des pulsions sexuelles incontrôlables, meurtrières, ou autres relations pathologiques dans la vie humaine (et spirituelle) ne peut être négligée sous peine de méprise sur le choix d’orientation et des moyens pour vivre une vie où on va tendre vers une existence équilibrée et responsable.

 

Si la société empêtrée dans ses propres contradictions entre la soumission à la doctrine en vogue et le refus enfin réalisable d’être soumis à qui que ce soit, sauf à soi-même (ce qui suppose un auto-engendrement, ce qui est un attribut suprême des divinités suprêmes!); si une telle société n’arrive pas à accéder à la compréhension de ce qu’est le pardon chrétien et l’accompagnement qui conduit vers, pendant et après, parce qu’elle le fait avec ses propres moyens; il doit en être autrement pour une institution religieuse quelle qu’elle soit.

 

Ou plutôt toute institution religieuse doit le faire avec ses propres moyens, à elle ; contrairement à la société civile qui n’a (plus) pas besoin de la religion, la religion a besoin de la société civile et elle doit prendre en compte les éclairages fournis par l’autre sur ce qu’est l’homme et sa destinée.

C’est à la religion de ramasser les morceaux cassés du miroir dans lequel se reflète de façon parcellaire mais réelle l’humanité tout entière.

 

En espérant que la manière maladroite et parcellaire dont je présente ces quelques éléments de réflexion ne donnent pas l’impression d’un il n’y a que, il faut qu’on….

 

Le but est très simple, par ces quelques biais sociétaux, essayer d’approcher une réalité bien complexe, celle de la place de la religion dans la société et sa pertinence, si toutefois on le lui permet, et surtout si elle en est capable.