La France s’engage ainsi dans la 5è réforme des retraites depuis 30 ans. Après 1993, 2003, 2010 et 2014, le gouvernement semble avoir réitéré l’erreur d’affirmer haut et fort qu’il s’agirait de la « der des der ». Une stratégie pour tenter d’obtenir l’aval de la population, qui, au contraire, nourrit de plus en plus de défiance à l’égard de la parole publique.
Car après 3 ans de « quoi qu’il en coûte », le rétablissement des comptes publics semble devenu un argument inaudible. Imposer le report de l’âge légal de départ à la retraite, de 62 à 65 ans, pour effacer le déficit d’une dizaine de milliards d’€, là où le déficit budgétaire de l’Etat s’élève à 150 milliards d’€, semble illusoire.
Ce n’est pas tant l’équilibre du régime des retraites, que le manque d’emplois, qui semble problématique, en France. Selon l’OCDE, seulement 68% de la population en âge de travailler a un emploi en France, contre 77% en Allemagne. Avec un sous-emploi des jeunes, énergiques, et des séniors, expérimentés. Deux qualités gâchés. Le taux de chômage des moins de 25 ans, est ainsi trois fois plus élevé en France qu’en Allemagne. 15% des jeunes français de 15 à 29 ans est sans emploi et déscolarisé, contre 10% en Allemagne. Le taux des 55/64 ans en emploi, est de 35% en France, contre 62% en Allemagne. Un déficit qui pèse inévitablement sur le volume des cotisations sociales et des impôts. Le manque est ainsi compenser par le versement de prestations sociales. Cela entrave la croissance, alors que si la France avait eu proportionnellement le même nombre d’emplois productifs que l’Allemagne, elle n’aurait plus de déficits publics. Or, le problème risque de s’aggraver si rien n’est entrepris pour augmenter le taux d’emploi.
Les problèmes de recrutement aussi risquent de s’intensifier si l’on ne recourt par à des aides extérieures. Car on dénombrera 800 000 départs en retraite chaque année, jusqu’en 2040. L’augmentation du nombre d’emplois est donc la condition sine qua non pour financer, non seulement, les retraites, mais aussi le pouvoir d’achat de l’ensemble des Français et des retraités. Leur niveau de vie devrait ainsi baisser de 5 à 10% d’ici 2040. La
revalorisation des pensions, qui s’élèvent actuellement à 1 400 euros nette par mois en moyenne, sera un sujet majeur dans les années à venir. Ainsi, la retraite progressive devrait être encouragée, voire devenir le mode de sortie normal. Le principe d’une retraite à la carte intégrant la pénibilité des carrières et les envies des uns et des autres devrait s’imposer afin de mettre un terme aux débats d’une autre époque sur l’âge légal de départ à la retraite.