Rencontre avec Claudine Lepage, présidente de Français du monde-adfe, pour revenir sur les premières tendances du baromètre des Français de l’étranger, réalisé du 2 mars au 6 avril dernier.
Claudine Lepage est la présidente de l’association Français du monde-adfe et a été sénatrice des Français de l’étranger pendant treize ans. Aujourd’hui, elle revient avec nous, sur les grandes tendances qui ont commencé à ressortir des résultats du baromètre des Français de l’étranger. Celui-ci avait été mis en ligne du 2 mars au 6 avril derniers.
Le baromètres des Français de l’étranger
Organisé pour la deuxième fois, le questionnaire est de nouveau l’œuvre des élus consulaires Gaëlle Barré, Laure Pallez et Florian Bohème. Comme ils nous l’avaient expliqué en mars dernier, “il s’agit d’une enquête faite par des Français de l’étranger, pour les Français de l’étranger”. Ainsi, dans un premier temps il était désiré de connaitre leur profil, avant de leur poser des questions ouvertes. L’objectif étant de savoir comment ils se sentent, quels sont leurs sujets de préoccupation et de connaître leur relation avec la France.
Pour cette deuxième édition, plus de 12 000 citoyens ont répondu au baromètre. Un nombre qui permet d’obtenir une analyse structurée des réponses selon Claudine Lepage. Parmi eux, 39% sont des binationaux et 41% des personnes ayant quitté la France il y a plus de vingt ans. Pour la présidente d’ADFE, cela met en lumière l’attachement profond des Français vis-à-vis de l’hexagone. Un point renforcé par le fait que la grande majorité des répondants sont inscrits au registre mondial des Français de l’étranger.
Cependant, ce lien fort ne se traduit pas forcément au moment des élections, regrette-t-elle. Effectivement, pour la présidentielle 2022, le taux d’abstention chez les expatriés était de 61% au second tour. Un taux pouvant être expliqué par la complexité d’aller voter pour les Français de l’étranger. Ainsi, Claudine Lepage exprime son ennui à ce sujet, car si les concitoyens souhaitent être mieux représentés, ils doivent participer au jeu démocratique et se faire entendre. Or, ils le font peu.
Les grandes tendances du baromètre
Selon les premières analyses du questionnaire, cinq sujets préoccupent particulièrement les Français hors de France :
- La retraite
- La situation internationale, fortement corrélée au contexte géopolitique actuel
- L’assurance maladie et la difficulté de pouvoir y souscrire
- L’éducation pour les enfants, avec la question de la transmission de langue et de la culture françaises
- Le dérèglement climatique
De même qu’en 2019, lors de la première édition du baromètre des Français de l’étranger, la retraite est la plus grande inquiétude. Aussi, les thèmes de l’assurance maladie et de l’éducation reviennent de nouveau. Pour Claudine Lepage, il n’y a rien d’étonnant à cela, et il en a toujours été ainsi. Lorsque l’ancienne sénatrice était sur le terrain, les citoyens français étaient continuellement anxieux vis-à-vis de leur coût.
Effectivement, d’un côté souscrire à la CFE comme inscrire ses enfants dans un établissement français à l’étrange nécessite un certain budget. De cette manière, certains Français se tournent vers des structures locales, mais seulement lorsqu’ils en ont la possibilité et également les moyens. Comme le spécifie la présidente, dans plusieurs pays d’Afrique, par exemple, de nombreux compatriotes n’ont souscrit à aucune assurance maladie, et ne peuvent faire face aux aléas de la vie.
Force de propositions
Le baromètre des Français de l’étranger n’a pas vocation à être annualisé, selon Claudine Lepage. En effet, le mettre en place et analyser les réponses nécessitent du temps. Aussi, la première édition avait été lancée lors du grand débat national. Aujourd’hui, la réédition a pour visée de prendre le pouls de la communauté des Français de l’étranger en (post) période Covid. De cette manière, il est intéressant pour les initiateurs d’en réaliser un aux moments de grands débats ou de crises. Aussi, laisser du temps entre chaque questionnaire, leur permet de prendre du recul et de tirer des analyses sur le long terme. Ainsi, l’idée serait de réaliser un baromètre tous les deux-trois ans.
Quoi qu’il en soit, les résultats ont pour visée finale d’apporter des éléments de réponses, d’analyses et des propositions aux élus consulaires et au gouvernement, afin d’améliorer les conditions de vie des Français hors de France.