Les malheurs du père Matthieu

Les affaires de pédophilie font chavirer la barque de saint Pierre prise dans une tempête médiatique, qui en résulte et qui en était un déclencheur touchant à l’identification des coupables. Mais pas seulement. 

Elle touche le prêtre dans son identité, qui comme celle de tout un chacun, est multiple et donc complexe. Pas seulement complexe à cause des incompatibilités latentes entre les éléments qui la composent, mais aussi et peut-être surtout à cause d’une incapacité à la reconnaître comme telle.

Le silence dont résulte le secret pratiqué dans l’Eglise pèse sur les consciences et leur entourage. Jusqu’au moment où ça explose comme une bombe, provoquant un tremblement, comme celui de la terre, qui réduit les édifices en ruine et ensevelit toute vie, en blessant gravement, si ce n’est pas un coup fatal porté à la vie, à laquelle désormais succède la mort; des répliques suivent pour s’assurer que l’on a bien fait peur à ceux qui sont encore en vie.

Si dans la théorie du genre par exemple on veut tout expliquer par l’influence uniquement sociale, on ne nait pas homme ou femme, on le choisit (c’est trop d’honneur à lui accorder, mais tellement on voudrait avoir la main sur tout!), et en même temps on laisse à la nature le choix d’autres orientations (LGBT, comme je le sens!), au doux paradoxe, dans le cas de pédophilie le problème est tout au moins aussi sinon bien plus complexe.

A la complexité d’identité du prêtre, dont les influences sont à la fois sociales et génétiques, s’ajoute une puissante charge symbolique qui réside dans les réservoirs spirituels, là où on puise des éléments pour étancher la soif de la vérité, là aussi où on puise les moyens (les armes? de dissuasion et de contrôle!) pour gouverner et dominer.

La frontière entre l’accompagnement à la croissance (exercice d’autorité qui permet grandir) et abus de pouvoir (l’écrasement) est très poreuse, et si on n’y prend pas garde, elle peut faire passer des envies qui ne sont pas “louables”, et dont la charge destructrice est considérable. 

Je n’entre pas dans le débat sur la pédophilie qui est un sujet à part traité ailleurs y compris ici dans les podcasts de la French Radio; si ce probleme (et les drames qui en resultent) n’est pas représentatif du prêtre, cependant il impacte son image ad extra et bouleverse sa vie ad intra. C’est sur ce fond de complexité souvent irréconciliable entre ses éléments que je propose une réflexion sur l’identité du prêtre en trois temps.

L’identité du prêtre est conditionnée par trois sources : son existence personnelle en tant que personne sortie d’une famille plus ou moins unie et “normale”, du statut que lui octroie la société ambiante et celui que lui confère l’Eglise. A charge de chacune de ces trois sources d’intervenir avec ses désidératas et solutions pour les atteindre.

Les malheurs du père Matthieu, aucun prêtre portant ce prénom ou nom n’est visé, il y a seulement une série télévisée polonaise intitulée Ojciec (Père) Mateusz. 

Les malheurs du père Matthieu, c’est une allusion aux “Malheurs de Sophie”, dont la comtesse de Ségur, Mme Rostropovitch, avait une idée géniale de mettre en musique, ô combien poétique, sans décrocher du sol, la complexité de l’apprentissage de la vie. Notre père Matthieu est témoin de la complexité de sa propre vie.

Expulsé de la vie familiale dans laquelle il avait grandi, sans trouver l’équivalent dans sa nouvelle situation, expulsé de la vie sociale où sont interdits ses droits de cité, et le comble, expulsé de la vie communautaire par la mise sur un piédestal et/ou réduit à la fonction subalterne de faiseur de bons effets pour ses ouailles à coups de sacrements administrés. 

Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli, c’est normal, il le savait par les précautions d’usage dont il avait eu vent lors de sa formation au séminaire pour “devenir” prêtre, là, où l’a “envoyé” son père biologique ou adoptif, pas seulement celui des cieux, avec une consigne très claire : sois obéissant, mais ne perd pas ton libre arbitre. 

Et il ne l’a jamais perdu, jusqu’au moment où l’obéissance dans laquelle il a exercé son libre arbitre n’a pas suffi pour couvrir, à l’aide de l’Esprit Saint, les lacunes dans la fertilisation d’une immense étendue du champ d’actions missionnaires d’évangélisation. 

Et ce champ ressemble de plus en plus aux steppes balayées par le vent sec et froid provoquant, ce dont il n’est pas encore conscient, l’apparition symbolique des gerçures dans les commissures de la rencontre entre la terre et le ciel, la terre souffrant du manque de bonne nourriture, et ça annonçait la suite. 

En effet, un beau matin, en se regardant dans la glace, (d’un regard furtif, presque nonchalant) le père Matthieu constate l’apparition de petites tâches rougeâtres qui rongent la fragile peau des lèvres, à la frontière entre la bouche d’où sort la parole et l’air qui l’accompagne de ses ondulations naguère si fièrement intelligibles, qui désormais lui reviennent (et deviennent) sous forme de rougeurs laides provoquant un sentiment de dégoût pour son propre corps. 

Et il y communie avec sa nature qui sous ses yeux ébahis lui devient un objet de soins, son propre champ d’évangélisation, alors que jusqu’à lors, certes bien outillé par des exercices spirituels, en pensant que cela suffirait, il n’avait de cesse de s’occuper des autres. 

Sans que ce soit prévu, loin de là, imperceptiblement s’opère en lui une mise en jachère d’étendues entières de son existence, par inadvertance d’abord, par fatigue ligotant tout énergie libératrice qui se confond avec du repos par la suite. Repos dont il a tant besoin, ses énergies si puissamment puisées dans la source d’amour suprême, ne sont pas illimitées, le corps dicte ses lois que l’esprit ne peut plus ignorer. 

Il finit par s’arrêter et comprendre ce qu’il constate chez ses ouailles si lentes à comprendre pour emboîter le pas au moine soldat qui hier pensait pouvoir convertir la planète entière, désormais se trouve dans une situation similaire.

De façon visible, sinon par une communication secrète, mais bien réelle et redoutable dans son efficacité, il se comprend alors comme un parmi les siens et peu importe comment il est perçu par ceux-ci.

Ce matin-là il fait les comptes, où n’apparaissent que des échecs, la liste des passifs est sans fin et sans fond, alors que la colonne des actifs, au sens de belles réalisations dont il était satisfait encore la veille, fond comme un iceberg à la dérive mis en danger vital par le soleil qui fait tout brûler, sauf les cœurs qui ne le sont pas, qui ne sont toujours pas aussi brûlant que ceux des disciples d’Emmaüs. 

Cœur brûlant, comme était le sien le jour de son ordination où il était investi d’un pouvoir de guérison, et surtout croyait-il de pouvoir chasser les démons. Mais il a fini par oublier que chasser les démons c’est s’exposer à un retour de bâton de la part de leur semblables pour mettre encore plus de bazar dans la vie d’un tel chasseur. Comme dans un mauvais rêve, il voit une main invisible écrire sur un tableau bien noirci de sa vie, MENÉ, MENÉ, TÉQEL, OU-PARSÎN (compté, pesé, divisé) comme jadis dans le banquet de Balthazar (Daniel 5), cette fois-ci ces paroles sont destinées à lui-même et l’image de la main invisible, alors qu’elle était visible au banquet, le hante.

Comme son illustre prédécesseur, prophète Daniel qui interpréta les signes pour le compte de son non moins illustre hôte en lui prédisant sa chute, le père Matthieu y pressentait la sienne; un métier bien périlleux que celui d’un diseur de vérité surtout si cela concerne soi-même, quand la vie même y est en jeu. 

Le père Mathieu, comme le grand Balthazar, lui non plus, au départ n’avait aucun moyen de bien interpréter les signes de gerçures, il pensait au manque de vitamines, de fortifiants, de yoga, mais tout ceci administré à dose homéopathique a été suivi d’un léger mieux, sans pour autant le faire sortir de l’affaire, bien au contraire a prolongé le temps d’ignorance de ce qui lui arrivait; et accepter l’évidence de la mise en péril de l’édifice qui symbolise toute une vie, n’est jamais facile.

La triple expulsion, celle de la vie familiale, celle de la vie sociale et celle de la vie communautaire, condamne à une triple solitude: affective, sociale et ecclésiale. Toutes sortes de dérivatifs parfois à valeur de placebo ne sont pas des solutions, seulement des tentatives maladroites, pas tant pour résoudre le problème que pour envoyer des signaux d’alarme pour alerter sur les difficultés avant d’envisager de trouver des solutions.

La solitude peut être rendue utile dans une offrande spirituelle, mais seulement en partie et cela ne dure qu’un temps; le temps qui précède la remise en cause de la solution spirituelle, par manque d’union intime avec Dieu sans doute. Mais pas seulement.

Sans doute aussi par manque d’une prise en considération des soins psychologiques qu’aucune spiritualité ne parvient à sublimer, d’ailleurs ce n’est pas son rôle principal et pas en totalité, elle le sait bien.

Parlant des soins psychologiques, je pense, non pas aux troubles très graves qui peuvent se manifester après l’ordination (ce qui est parfois le cas de la pédophilie), mais des situations toutes ordinaires marqués par un léger mal-être à la suite d’une accumulation de petites difficultés (frustrations de toute sortes qui ne sont pas résorbées dans la prière, peuvent-elles l’être totalement?) qui finissent par affaiblir les fondations. 

Et c’est alors que l’identité est interrogée; de reçue et accueillie plus ou moins consciemment mais avec l’évidence qui l’accompagne; ainsi heurtée par la solitude et l’isolement elle se manifeste sous forme d’un questionnement qui ne peut souffrir ni silence, ni auto justification, et  l’atermoiement ne fait qu’aggraver la situation.

C’est dans ce contexte, car dans cette configuration qu’apparaissent les difficultés que l’entourage constate, avant que le prêtre se rende compte par lui-même de leur existence et de leur gravité. Et les solutions du prêt à porter sont: Il lui manque un équilibre affectif, qu’il se marie donc, il n’est pas bien à l’aise dans la société, qu’il travaille, il se sent parfois indisposé dans son église, qu’il la modifie en profondeur.

Si ces soupirs sont louables pour eux-mêmes, l’urgence de se situer, prétendument ou réellement ressentie, convoque les solutions immédiates, et peu importe le caractère provisoire de telles rustines à l’aide desquelles on veut canaliser, non pas la situation du prêtre, mais celle de son entourage en donnant une réponse simple, claire et définitive (tant qu’à faire!) à ses propres débordements provoqués par sa situation qui risquent d’inonder sa tranquille plaine d’évidences usuelles et celle des autres, en particulier du prêtre qui y sera affecté.  

De tels bons conseils, parfois il va les entendre et faire le lien entre eux et ce qui sourde en lui; qui n’aspire pas à une vie accomplie dans l’amour, la reconnaissance et le bon labeur? 

Pour le premier, le mariage, il sait que la solution la plus simple n’est pas fructueuse, elle signe de son encre rouge un déchirement qu’il ne saura comment réparer, il va chercher les situations qui vont l’éloigner le plus simplement du monde de ce déchirement pour sinon vivre pour servir, tout au moins se servir d’un kit de survie pour survivre. 

Pour le second, la reconnaissance sociale, il l’a cherchera plutôt comme un accomplissement, ce qui le poussera à faire partie des essaims de motards revêtant le blouson en cuir en guise de métamorphose caméléonique, du moment que cela le nourrira d’une fierté virile signant au coup des klaxons plein gas sa place dans l’espace social; à défaut d’être, on remplit un espace de ce que l’on donne à voir.  

Pour le troisième, son intégration dans la communauté d’Église, tout en se sachant mal-aimé, car mal-mené, ou en prévision de l’un et donc de l’autre, il va développer ce soupçon qu’il traîne depuis son enfance (m’aime-tu plus que ceux-là ?), ce qui apparaît dans les moments de fatigue passagère et peut ressurgir pour éventuellement s’installer dans la conscience. Ce qui va conditionner toutes les situations du m’aime-tu?, qui vont le titiller et parfois prendre possession de sa vie. 

A ces trois maux il y aura aussi des solutions.

Père Matthieu, parce qu’il est bon, il est fragile, alors que tant d’autres sont fragiles parce qu’ils se croient forts. Au désert, le tentateur dit à Jésus: si tu m’obéis, je te donnerai tous les royaumes sur terre (Luc 4,7). Contrairement à son maître, père Matthieu s’y croirait presque dans cette toute puissance “autorisée” par son maître, pas celle du tentateur. Mais l’effet sera semblable. Tout simplement parce qu’il n’a pas identifié correctement la source d’une telle “convocation” qui bien que perverse, en est une, et même dans la réponse, l’appel pour devenir prêtre avait déjà une ambiguïté, pour laquelle il se flagelle abondamment en pensant de la chasser à coup de fouet. 

Puisqu’il ne peut pas fonder de famille où il se sentirait bien, il le pense parfois, il va considérer la communauté dont il a la charge, comme sa propre famille, ce qui est louable dans son principe, mais ratant la cible dans sa réalisation et pas bon dans sa résonance pastorale, mais il y pensera coûte que coûte.

L’esprit d’entreprise s’infiltrant dans toute la communauté d’Église, pourquoi pas celle d’une illusion que tout le monde partage, à savoir que pour atteindre des objectifs, il faut se mettre à organiser avec pour conviction de base que tout le monde est beau et gentil et si ce n’est pas vrai, les objectifs à atteindre seront sans doute beaux et “gentils”. 

Quelle surprise quand on découvre que le prêtre en chef d’entreprise est un être avec des limites. Pour la famille on le sait depuis Adam et Eve, même si cela n’a pas suffit au séminariste qu’il était, lui, soumis au processus de transformation d’une chenille en papillon, d’en garder la mémoire.

Les béquilles soutiennent, mais une relation interhumaine transforme. Il a considéré la paroisse comme une famille d’accueil, comme un ersatz bien utile, d’ailleurs certains de ses hôtes considéraient sa présence aussi ainsi, pas pour les mêmes raisons, mais dans la même perspective. 

Les béquilles aident, mais ne transforment pas, sauf si c’est par l’intermédiaire d’une relation interpersonnelle nouée, c’est là la différence entre le devoir d’entraide et la puissance d’amour. 

La surcharge symbolique dont est investie la famille conduit aux déceptions qui n’auraient pas lieu si cette attente n’était pas aussi démesurée. La communauté paroissiale en tant que famille des familles a quelques caractéristiques de toute famille, mais s’en distingue à bien des égards, et même celle de la sainte famille n’y échappe pas. 

Elle n’est pas la somme de ces petites cellules de société, et le transfert symbolique surtout investi d’une charge affective n’est pas une panacée pour résorber des frustrations provoquées par le manque ressenti et le mauvais ciblage, s’invitant toutefois à être prises en considération de façon sérieuse.

Et le choix d’une famille particulière qui l’adopte, parce que faute de mieux, ou par une aquentence latente quelconque, fait du père Mathieu un protégé, lui dont le rôle est précisément de protéger les autres, pris sous l’aile d’une famille d’adoption. Il se trouve ainsi en situation de prise en charge de son existence.    

C’est grave docteur, entend-il la voix de sa mère déjà expédiée proprement dans son éternité bienheureuse, alors que lui, il galère dans cette vallée de larmes où ne poussent que des herbes amères. 

Il avait lu Ernest Renan et le Rouge et le Noir de Stendhal, il aurait même aimé de se laisser bercer (berner) par Balzac, mais quelqu’un lui avait dit que cela n’était pas la peine, c’est comme si les antinazies voulaient écouter Wagner, Dumas des trois mousquetaires finalement suffit. 

Heureux de telles acquisitions assaisonnés de quelques voyages en famille à la recherche de la culture des autres, celle de jadis, ce qui est d’autant plus commode à apprécier, car celle de ses contemporains n’a rien à voir avec la grandeur d’autrefois.

Les contemporains qui l’ont vu et fait grandir, traitent l’histoire et l’art toujours comme des béquilles, presque jamais comme une source de transformation, l’enrichissement intellectuel avec quelques trophées ornant la cheminée suffisent.

Fort d’une telle éducation, Mathieu pouvait même se permettre de briller dans les salons de Madame de Pompadour de son siècle (en tout bien, tout honneur, cela va de soi), mais ne dépasse jamais minuit pour retrouver ses pénates. 

Même si la nuit étant un peu plus courte, le lendemain la première messe à 7h, sans dire ce qu’il fallait faire avant, cette brièveté de la nuit lui procurait les sensations d’un sommeil réparateur sans avoir le temps à l’oisiveté que saint Paul ou ses pseudépigraphes dénoncent avec vigueur.

Et le caractère passager de sa présence auprès de ses paroissiens fait de lui un vagabond missionnaire qui ne sait pas très bien comment partir ailleurs, ni comment s’y installer. En ceci, il partage le sort de tant de gens (travail, ruptures familiales, exodus divers…) ce qui le rend plus proche de tous ceux qui vivent des difficultés semblables (parfois 20 ans sans avoir vu ses enfants quand on est réfugié, les missionnaires autrefois prenaient le billet aller simple).

La surcharge symbolique de la vision familiale (y compris celle de la sainte famille), non seulement le conduit dans des impasses communautaristes, comme réponse au danger de dissolution de son existence qui devient stérile sur le terrain pastoral relationnel et il est le premier (parfois le seul) à en être affecté. 

Se conduire en pater familias qui protège, ou comme un enfant (de Dieu, comme ses ouailles sans aucun doute) qui a besoin d’être protégé, c’est chaque fois exprimer cette surcharge symbolique de la vision familiale projetée sur la communauté dans laquelle on voudrait se sentir si bien.

Ceci indique que le cordon ombilical avec la famille naturelle n’a pas été bien coupé et en voyant le cordon en danger dans l’exercice de sa fonction de perfuseur, on le remplace par les boyaux pleins de boudins de convivialité de plus ou moins de bon aloi. 

Le danger d’une exculturation interne à l’Église s’exprime avec encore plus de complicité due d’une part au fonctionnement interne à l’Église, l’identité ecclésiale du prêtre y trouve sa source et ses gardes fous pour la maintenir, elle se détache de deux autres composantes de son identité, alors que celle-ci avant de l’isoler ecclésialement, l’intègre sous ses ailes bienveillantes et néanmoins intéressées.

Ce danger d’exculturation s’exprime aussi dans son appartenance par les signes visibles a un corps : la croix, le col romain, la soutane; le premier pour dire sa dignité de baptisé, second pour exprimer l’identification avec un groupe sociologiquement bien distinct et le troisième au nom de l’impératif de saint Paul de revêtir le Christ, ce qui renvoie au baptême dans son expression fonctionnelle, celle d’un sacerdoce, mais limité à celui des prêtres.

C’est dans le col romain que réside le plus la surcharge symbolique qui tout en rassurant peut conduire à exprimer une tendance grégaire; le communautarisme local sous une houlette pareille permet de cacher les misères d’appartenance à l’Église universelle, tout en se référant le plus abondamment aux papes et toutes autres hautes autorités.

Et coup de crosse qui achève le père Mathieu, c’est lorsqu’il s’est vu interdit d’être appelé père. C’est sûr, il doit désormais remplir les formulaires administratifs à la rubrique Yeil. 

Au moins là, il se sentirait un peu plus à l’aise, faisant partie d’un groupe (disparate au demeurant) mais dont les membres rassemblés dans cet ensemble, sont l’objet de toute attention particulière exprimée au nom du respect de la minorité, à laquelle désormais légitimement il va appartenir. 

Il retrouvera ainsi une vraie famille qui, avec l’appui de la société et la bénédiction de l’Église, va prospérer en toute quiétude. Et en plus, cela lui donnera l’occasion de montrer ses talents missionnaires, car là aussi, et peut être plus qu’ailleurs, malgré le terrain aride, la moisson est abondante. 

Ca ne m’étonnerait pas qu’il s’y plaise au point de la préférer à l’ancienne, qui fut plus rassurante, mais sans doute moins exotique. Il en faut pour tout le monde sans trop se poser la question qui sont les bons et qui sont les méchants (cf Daniel Balavoine).

Les derniers seront les premiers dans l’autre réalité (J-J Goldman), la voici pleine de promesses et c’est un soulagement pour Mathieu qui retrouve de la sérénité dans sa nouvelle identité que la société civile a apportée à l’Église et a ses problèmes internes.

Et bonne semaine sainte! Le père Matthieu n’est pas loin, il est très heureux de pouvoir être de service.