Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Occidentaux ont, pour l’heure, brandi la carte des sanctions économiques. Le gel des avoirs financiers russes et l’exclusion de certaines banques du pays du système de transaction international Swift devrait déstabiliser l’économie nationale. La dernière salve de sanctions décidée samedi soir par l’UE devrait perturber fortement le fonctionnement de l’économie russe. Autres séries de mesures qui vont avoir un lourd impact : la fermeture des espaces aériens. L’Union européenne a fermé le ciel des 27 pays aux compagnies russes comme le Japon et d’autres pays de la planète, en retour Vladimir Poutine a fermé l’espace russe à ces pays. Les Français de Russie se retrouvent donc théoriquement isolés en Russie et sans accès à d’autres fonds que ceux détenus sur place en roubles.
Des solutions existent et la communauté française comme le consulat se mobilisent ce lundi matin pour apporter des réponses aux Français installés sur place et à ceux de passage. Ces derniers doivent quitter le pays “sans délai” comme l’a demandé le Quai d’Orsay hier soir. Nous recevons dans ce podcast, Franck Ferrari, le nouvel élu du Conseil consulaire des Français de Russie issu des élections de mai 2021.
Un Français du bout au monde
Franck Ferrari est né à Nouméa (Polynésie française) en 1972, Corse d’origine, il a commencé sa vie d’adulte à Paris où il rencontre sa future épouse, russe. Marié et papa de deux filles, il vit depuis dix ans à Moscou. Professeur de Technologie au LFM et élu au Conseil d’établissement du Lycée depuis 2021, il est très investis dans les différentes missions pédagogiques ou institutionnelles. Membre du parti Républicain, il est un des 3 élus représentant la communauté française en Russie.
“On a du mal à réaliser”
Avec Franck Ferrari, nous découvrons les conséquences des mesures prises par les occidentaux. Comme nous, en Russie, la population et la communauté française découvrent et tentent d’imaginer les conséquences. Sollicités par les Français sur place, l’élu partage avec nous les difficultés pour trouver les informations pour répondre aux 45000 de nos concitoyens répartis sur le territoire russe (essentiellement à Moscou, St Petersbourg et proche de l’usine Renault du pays).
Un vent de panique à relativiser
Dimanche soir, le Quai d’Orsay a demandé aux Français de passage de quitter le territoire russe. Les expatriés n’étaient pas concernés à l’inverse de ceux en Biélorussie. Cependant, l’information partielle a provoqué un vent de panique parmi les Français de Russie. Le consulat et les élus se sont retrouvés confronter à une explosion des demandes de visas pour les conjoints, à un assaut des expatriés sur les dernières places d’avions disponibles.
L’occasion pour Franck Ferrari de rappeler qu’il existe encore des solutions. En effet, on peut encore utiliser, pour partir ou revenir, les lignes aériennes suisses (attention la Suisse vient d’annoncer qu’elle va reprendre les mesures européennes), serbes et des émirats ou turques. Des lignes qui risquent de disparaitre à leur tour face aux risques de pénuries de pièces détachées qui immobiliseraient les avions sur le territoire russe.
Un avenir incertain
Alors que les décisions ont été prises en pleine vacances scolaires, la question du retour se pose. Les écoles françaises vont-elles réouvrir ? Les professeurs comme les familles, ont ils envie de revenir ?
Du côté des entreprises, la situation est gérée au cas par cas. Selon la taille de l’entreprise et son activité dans le pays, les expatriés sont mutés dans d’autres pays ou rapatriés en France.
A ces problèmes de mobilité s’ajoutent ceux liés à l’exclusion du Swift. Si actuellement, les plus grands établissements ne sont pas déconnectés du système international, qu’en sera-t-il demain ? Déjà dès ce lundi 28 février, il n’est plus possible de récupérer des devises étrangères.
Cette vague de sanctions inédites complètent celles toujours en vigueur depuis 2014. Les commerçants français sur place vont devoir continuer à faire preuve d’imagination car les produits français ne re circuleront pas rapidement dans la Grande Russie. Et pourtant, les clients sont toujours là, comme nous l’explique l’élu consulaire, aucune animosité envers les Français ont été rapportés à l’inverse des précédents conflits sous Nicolas Sarkozy ou François Hollande.