La ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a lancé vendredi 28 octobre les “États généraux de la diplomatie”. Le Président de la République, Emmanuel Macron, les avait annoncés à la fin de l’été. L’objectif de la tenue de ces États généraux de la diplomatie est de répondre aux attentes de la profession alors qu’une réforme ouvrant les métiers de la diplomatie à des personnalités publiques sème la discorde entre le corps diplomatique et le gouvernement.
Pour les Français de l’étranger, nous avons reçu Jérôme Bonnafont, représentant permanent de la France auprès des Nations unies à Genève, rapporteur général de ces États généraux de la diplomatie, et le secrétaire général Florian Escudié.
Retour sur une grève inédite
Le 02 juin 2022, une grève a eu lieu au sein du ministère des Affaires étrangères. Son objectif ? S’opposer à la réforme de la haute hiérarchie du corps diplomatique. Celle-ci, actée par décret, entre les deux tours du scrutin présidentiel, met fin au corps diplomatique.
Plus qu’une simple disposition administrative, les fonctionnaires formés à la diplomatie pourraient être non seulement contraints de la quitter pour poursuivre leur carrière, éventuellement dans d’autres ministères, mais aussi faire face à la concurrence, pour des postes en ambassade, de non-diplomates. Une décision qui fut mal comprise par les concernés.
En réponse, sous l’impulsion du Président de la République, Catherine Colonna a organisé ces États généraux de la diplomatie, ouverts le 28 octobre 2022.
“Croiser les regards”
Au sein de ces Etats généraux se retrouvent fonctionnaires, politiques, mais aussi personnalités qualifiées, parties prenantes de notre diplomatie, comme les usagers du système, catégorie au sein de laquelle les Français de l’étranger trouvent naturellement leur place.
A travers des ateliers, des questionnaires écrits, l’ensemble des membres du réseau diplomatique et consulaire, comme leurs confrères à Paris, peuvent participer. Mais l’exercice n’est pas limité aux agents du ministère, les personnalités comme les usagers sont sollicités. On le sait peu, mais évidemment, au titre des usagers, les Français de l’étranger sont invités à contribuer à cette réflexion. Pour cela, rien de plus simple, il suffit de cliquer sur le bouton ci-dessous ou d’écrire à l’adresse email suivante : etats-generaux.meae@diplomatie.gouv.fr
3 groupes de travail
Trois groupes de travail ont été constitués sur la base des premiers éléments transmis par les contributeurs.
- Comment le métier de diplomate peut-il évoluer ? Martin Briens , ancien directeur du cabinet de la ministre de la Défense, dirige ce groupe.
- Gestion de la carrière des agents. A la tête de cet atelier, Cyrille Pierre, conseiller maître de la Cour des comptes, ancien directeur général adjoint de la mondialisation.
- Le Ministère des Affaires étrangères dans l’Etat et ses relations avec la sphère publique et parapublique. Pour ce troisième et dernier thème, c’est Eva NGuyen, présidente de l’Institut français, qui a la charge d’animer les réflexions.
Un thème transversal parcourt les 3 groupes : la gestion humaine et financière ! Le ministère des Affaires étrangères ayant pendant des décennies subi une diminution de ses crédits dont la sortie n’a été actée qu’en 2021 par le ministre Le Drian et confirmée par Mme Colonna.
Depuis fin octobre, ils sont plus de 2000 agents à avoir répondu au questionnaire qui leur a été envoyé, et de l’aveu de Florian Escudié, “ce n’est pas une mince affaire, avec plus de 100 questions”.
La politique consulaire
Contre-pied de la réforme voulue par le Président de la République, des premiers résultats connus il se dégage une volonté des agents de voir leur “métier” de diplomates se professionnaliser.
L’occasion pour nous de revenir sur la place des élus consulaires, qui ne sont pas des professionnels, mais sont des acteurs de la politique consulaire, qui est une part entière de la diplomatie. Des personnalités qui n’ont pas été oubliées dans le dispositif des États généraux de la diplomatie. Des interviews des parlementaires et des membres de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) sont prévues. Sûrement l’occasion, à travers leurs conclusions, d’éclaircir les prérogatives et les champs d’action de chacun.
Diplomate, pour quoi faire ?
On conclut ce podcast en nous intéressant au livre publié à la rentrée par Jérôme Bonnafont, représentant permanent de la France auprès des Nations unies à Genève et rapporteur général de ces États généraux de la diplomatie : « Diplomate, pour quoi faire ? »
Doit-on y voir les conclusions des « États généraux de la diplomatie », c’est la question qu’on pose à Jérôme Bonnafont. Qui nous répond en nous expliquant la genèse de son oeuvre et en détaillant la méthodologie qui rythme la construction des États généraux de la diplomatie, dont la conclusion sera connue au cours du premier trimestre 2023. Le rendez-vous est pris !