Les déclarations spontanées et les interviews du pape François sont souvent marquées par des propos qui appellent aux précisions ultérieures, auxquelles parfois l’auteur lui-même se livre, ou qui sont faites par le bureau de presse du Vatican, ou autrement.
On se souvient de “qui suis-je pour condamner” concernant les homosexuels, en réponse à un journaliste lors d’une interview donnée dans l’avion de retour au Vatican… C’est à se demander si l’Esprit Saint assiste suffisamment le Souverain Pontife dans ses expressions, dont il n’est pas avare, tellement habitué à donner son avis, certes, sur les questions souvent sollicitées par les journalistes, surtout sur les questions qui fâchent.
C’est tout au moins l’impression qu’on a, l’impression, qui en partie est due à l’effet de loupe produit par la mise en exergue, justement des questions qui fâchent, et dont les réponses peuvent constituer des mets croustillants pour les lecteurs et/ou auditeurs. C’est ce qui justement s’est passé avec la dernière “sortie” verbale du pape François en mai dernier au sujet des candidats au sacerdoce.
Tout est partie de la question abordée lors d’une réunion avec des évêques italiens qui se déroula à huis-clos, mais visiblement pas totalement étanche (à qui profite le crime, peut-on se demander), sur l’accueil des candidats au sacerdoce marqués par des tendances homosexuelles identifiées. La position du pape était claire et sans appel : NON.
Lors de cette réunion, le pape a utilisé un mot en argot italien frocciagine pour qualifier les homosexuels de façon générale, mais portant une charge sémantique qui éveille tout un essaim de charge émotionnelle, très négative, vulgaire même.
Mon application « Reverso Contexte » consultée, ne trouve pas de mot cherché, donc n’a rien à dire. Cependant, serviable qu’elle est, d’abord elle trouve froccia gine en deux mots qui veut dire la fronde. Puis sous mon insistance, à la place du mot recherché, elle me propose un autre mot, frecciatine avec une des trois situations contextuelles, comme suit : “Su Twitter, gli hashtags spregativi fioriscono come frecciative cattive” ce qui veut dire “Sur Twitter, les hashtags dépréciatifs fleurissent comme les mauvaises vannes”.
Avant de poursuivre sur le sens du mot employé par le pape, revenons à la déclaration.
Une fois l’incident rendu public, aussitôt, le Bureau de Presse du Vatican a publié une note explicative pour affirmer que le pape n’a jamais voulu blesser qui que ce soit parmi les homosexuels et que dans l’Église tout le monde est accueilli, absolument tous. On s’en doute, mais l’accueil sans aucune discrimination n’est pas à confondre avec le mandat d’une mission confiée à quelqu’un, et ceci en fonction des aptitudes requises, en l’occurrence pour exercer le ministère sacerdotal.
Passons donc aux choses croustillantes. Attention, c’est le pape qui parle ! À son sujet :
“Le pape Francesco demande moins “pédé” dans les séminaires”, ce que l’on peut lire sur I’Internet.
El Papa Francisco pide menos “mariconeo” en los seminarios
Le mot qui a fait déborder le vase de la patience, de la curiosité et de la satisfaction est donc
Frocciagine
Dans ce qui suit, je reproduis l’intégralité d’explication fournie par un site, désolé, j’ai perdu la trace pour l’identifier, mais ce n’est pas le bureau de presse du Vatican :
“Frocciagine est un terme d’argot italien péjoratif qui se traduit approximativement par « pédé » ou « effémination ». Selon certaines informations, le pape François aurait utilisé ce mot offensant lors d’une réunion privée avec des évêques italiens le 20 mai 2024, tout en exprimant son opposition à l’admission des hommes homosexuels dans le sacerdoce.
Le pape aurait déclaré qu’il y avait déjà trop de « frocciagine » (pédé/effémination) dans les séminaires et aurait réitéré la position de l’Église contre l’acceptation de candidats ouvertement homosexuels au sacerdoce. Il a affirmé que les prêtres homosexuels mènent souvent une « double vie » et souffrent de devoir cacher leur sexualité.
L’utilisation d’une insulte aussi humiliante par le pape à l’égard de la communauté LGBTQ+ a suscité la controverse, car elle contredit ses commentaires précédents montrant plus d’ouverture et d’inclusion. Cependant, son opposition aux prêtres homosexuels s’aligne sur les instructions de l’Église interdisant aux personnes ayant des « tendances homosexuelles profondément ancrées » d’être ordonnées, émises sous les papes précédents.
Alors que le Vatican a reconnu que les remarques du pape étaient inappropriées, il a affirmé qu’il n’était pas conscient du caractère offensant du mot italien « frocciagine », puisqu’il ne parle pas couramment cette langue. Néanmoins, l’incident a relancé les débats autour des droits LGBTQ+ et de la position de l’Église sur l’homosexualité.”
https://www.perplexity.ai/search/Frocciagine-DPCbjhVESlGky4TEeTLthQ
Et les questions que cela suscite sur les réseaux sociaux
Qual é a origem da palavra “frocciagine”?
Como a comunidade católica italiana reagiu à declaração do Papa Francisco?
Existem outras palavras despectivas usadas pelo Papa Francisco em conversas informais ?
Je peux répondre à la troisième question, sans doute, il en existent d’autres. Sa spontanéité, même réfléchie, est plus forte que les précautions qui seraient prises au nom de je ne sais pas quelle prudence.
La question des candidats aux tendances homosexuelles avérées a été traitée dans l’instruction du Dicastère du Clergé approuvée en 2005 sous Benoît XVI et confirmée en 2016 avec François, qui établit que « l’Église, profondément respectueuse des personnes en question, ne peut admettre au séminaire et dans l’Ordre sacré à ceux qui pratiquent l’homosexualité, ont des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent la soi-disant culture gay”
Pour certains commentaires zélés, cela entre en contradiction avec l’autorisation, selon laquelle les couples de même sexe peuvent être bénis par l’Eglise s’ils en font la demande. Si je n’avais pas à écrire sur ce malheureux mot ce podcast, je ne serais jamais aller chercher des raccourcis pareils qui engagent totalement leurs auteurs. Sauf que, effectivement, à la première lecture, le document du 19 décembre 2023, sur les bénédictions des personnes vivants en union avec le partenaire d’un même sexe, comporte des formulations qui prêtent à confusion sur les bénédictions des couples et non seulement des individus. A cette ambiguïté s’ajoute celle qui est liée aux interprétations, jugées par Vatican tendancieuses, mais qui ont été rapidement précisées par le Bureau de Presse du Vatican et le pape lui-même.
Les témoins présents ont affirmé que le mot employé par le pape, à l’occasion de la discussion avec les évêques italiens, avait pour réaction un éclat spontané de rire exprimant l’incrédibilité de l’auditoire. Visiblement, personne ne s’attendait à cela, tout le monde était pris de court, le pape lui-même en réalisant que quelque chose n’allait pas. Malgré les allégations à son encontre, objectivement, il n’y a rien d’autre qu’un incident, provoqué de façon involontaire. Ses excuses, ou demande de pardon, c’est selon les commentaires, le prouvent.
Mais cela n’efface pas les traces de ce qui aurait pu rester comme un malentendu, et qui est devenu une affaire diplomatique. Un gros mot utilisé par des hommes politiques ne passe jamais inaperçu. On se souvient du nettoyage au karcher de toute la racaille de Nicolas Sarkozy, président de la République.
A regarder de plus près, il est rare d’avoir un pape comme François qui soit aussi spontané, aussi direct.
Et qui sans doute regrette lorsqu’il se rend compte des effets produits. Quel est le pourcentage de la population qui se caractérise par une telle spontanéité quasiment irrépressible. Faut-il interdire des fonctions excessivement exposées comme celle d’un pape ou un autre chef d’État (pape en est un aussi) ? (Certes, si Francesco Bergoglio voulait postuler à l’académie pontificale pour devenir diplomate, sans doute il ne serait jamais pris.)
Ou alors, cela veut dire que l’Esprit Saint corrige si peu nos travers !? À moins qu’il ne se contente de nous indiquer le chemin de Dieu qui passe à travers justement nos travers, à condition sans doute, que nous les reconnaissons pour aller mieux. Dans une bonne attitude théologique, on dirait que l’Esprit Saint compose sa propre mélodie avec les notes qui sortent de nos vies et de nos décisions, notes qui comportent beaucoup de dissonances, parfois de ratures, qui ressemblent davantage à une piètre répétition ou un brouhaha produit par les instruments en chauffe qui précède le concert d’une prestation même au Carnegie Hall, qu’à la sublime prestation qui suit.
Alors, peut-on lui pardonner une imprudence liée à la connaissance parcellaire de la langue italienne. Sans doute. Mais peut-on absoudre la fuite de la réunion à huis clos qui a visiblement manqué d’étanchéité. Qui avait l’intérêt de faire fuiter cette expression ? Est-ce le signe que la barque de saint Pierre, dans laquelle est embarquée toute l’Eglise catholique, prend l’eau et fait boire la tasse à certains de ses navigateurs, le capitaine lui-même en tête ?
A supposer que ces questions peuvent trouver des réponses faciles et convaincantes, car fondées sur les faits réels, tout en intégrant l’effet de loupe dont bénéficie ce genre de prises de paroles, il n’en reste pas moins que la spontanéité du pape déconcerte, interroge, rend perplexe.
Comment donc comprendre les paroles du pape qui dans un flot plutôt indistinct déverse les communications sur des choses importantes pour la doctrine de la foi chrétienne et aussi celles qui semblent plutôt marginales et relèvent davantage d’une gestion politique de l’autorité papale que d’une indication à donner aux fidèles. Et pourtant il donne beaucoup d’indications aux fidèles, mais elles appellent toujours à des précisions qui de la part de l’auteur sont attendues de sa part à l’égard des fidèles, alors qu’eux, déconcertés, attendent des clarifications de la part de l’auteur.
L’exemple de la lettre apostolique sur les bénédictions des couples homosexuels de l’an dernier (19 décembre 2024) illustre cette ambiguïté de communication. Couple, pas couple ? Juste des individus, mais… Les précisions fournies ne sont pas définitives, appellant à d’autres éclairages, toujours en cours.
Comment s’y retrouver ? Il y a deux niveaux à distinguer pour y voir plus clair.
Tout d’abord distinguer entre les paroles du Souverain Pontif et celles de Bergoglio. Pas facile, en raison de la quasi non-possibilité de voir ou passe la ligne, à moins que l’orateur lui-même l’indique. Comme St Paul qui prodigue des conseils au sujet du célibat, en spécifiant que ce ne sont que ses propres intuitions, sans être confirmées par l’Esprit Saint. Sinon toute confusion est possible et les conclusions que l’on tire peuvent être dommageables pour la clarté du message chrétien et pour l’exercice de l’autorité de l’évêque de Rome.
Une collusion entre la personne et la fonction, dans le cas du pape, est encore plus forte que dans le cas d’un simple monarque. Dans le cas d’un simple monarque cette confusion peut être engendrée, maintenue, par une référence extra-terrestre en raison du maintien au pouvoir justifié par le mandat divin. Dans le cas du pape, du point de vue de la théologie catholique, c’est un peu plus subtil. Ce mandat divin dont il est chargé n’est pas une simple justification de son autorité (même si l’abus de pouvoir peut aussi se justifier par une référence impériale de naissance divine), il est l’expression même de la foi chrétienne pour agir dans un esprit de soumission et de service. Et non pas pour gouverner un peuple, comme un simple monarque ou autre président. L’empereur du Japon, lors de la reddition de l’Empire du Levant en 1945, a dû signer sa destitution d’un mandat divin, dont il est selon la tradition shintoïste totalement investi, et de plus a été forcé de reconnaître qu’il est un humain aussi. Dans le cas du pape François on n’a pas de doute, c’est un humain, un pécheur qui demande que l’on prie pour qu’il s’acquitte le mieux de sa charge qui lui pèse tant, lui pèse le poids de responsabilité de conduire vers le bonheur éternel dès à présent.
Selon la théologie catholique, le pape est choisi par l’Esprit Saint qui parle aux électeurs, cela n’empêche pas les électeurs de se concerter et suivre le cours de choses. Ainsi muni, le pape n’a pas besoin de se laisser convaincre qu’il est avant tout un humain. La théologie chrétienne sur l’incarnation du fils de Dieu explique à cet égard en long et en large comment l’humain a du prix en tant qu’humain, aux yeux de Dieu. La mission dont le pape est investi l’autorise à parler des choses divines dans un langage humain. Même lorsque celui-ci dérape ?
Par certains côtés, le pape François montre son humanité tellement facilement, que cela donne l’impression qu’il est avant tout un humain, rien d’autre, sans aucune référence à une culture ou religion particulière. Ce qui en soi ne peut être accueilli que positivement. On lui reconnaît les expressions, les positions, qui parfois, souvent (trop souvent ?!) appellent des précisions. Les clarifications qu’il apporte, directement ou indirectement, témoignent de son humanité, ce qui ne peut lui être compté qu’à son avantage. Mais complique la réception.
Verba docent scripta manent. Les paroles livrent des connaissances, alors que l’écrit est écrit.
Ou en traduction plus libre de cet adage latin qui servait à valoriser les contrats écrits pour donner au droit de pouvoir exercer son autorité fondée sur les engagements entre deux parties : si les paroles (r)enseignent, alors que les écrits (re)tiennent. Ce qui est dit est dit, car c’est parti, parti sans pouvoir être retenu comme un écrit, et si besoin, ne peut-être corrigé que difficilement, mais cela ne concerne que ceux qui l’ont entendu. Et, de ce qu’ils ont entendu, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Selon le principe du téléphone “arabe”. Alors ce qui est écrit est écrit, une référence stable dans la confrontation d’avis, d’opinions, de jugements. Même si les batailles juridiques prouvent que même là rien n’est clair ni définitif, en d’autres termes tout peut être remis en cause. C’est alors que la frontière entre les paroles dites et les écrits s’effacent, car on a tendance à leur réserver le même traitement, celui de la vérité d’expression avec la valeur d’autorité y attaché à appuyer ou remettre en cause, si ce n’est pas pour combattre franchement et farouchement. (Tous les moyens sont bons pour ne pas paraître pire que les autres).
Attention vous êtes photographiés, dans tant de lieux publics, ceci constitue une pièce à conviction dans un jugement. Mardi à 19h57 vous êtes entrés dans un hôtel, à l’adresse de…, le lendemain vous avez marché le long du canal, en faisant des gesticulations qui demandent à être précisées. A 10h07 assis dans un taxi, vous avez essayé de cacher le visage lors d’un flash photo sortie d’une de trois caméras du carrefour. Tout est sur les photos, la suite est un peu moins claire.
Le problème actuel est qu’il n’y a plus de parole privée, juste en l’air, juste pour rire, pour s’exprimer et puis voir, ou pas, ce que cela peut vouloir dire, quitte à préciser la pensée, à lui donner une forme potable. Tant que le sculpteur n’a pas fini de ciseler la pierre, son œuvre n’est pas terminée. Hemingway a travaillé plus de trente fois « Le vieil homme et la mer ».
Mais qui peut se permettre d’être un artiste de si haut niveau, c’est même difficilement imputable au grand créateur, vu les essais qu’il effectue sur la matière pour la “calmer” un peu et ainsi être utile à quelque chose en délivrant ses lois de la nature comme référence pour être. Dans le cas du créateur, ce n’est pas tant une question de talent, mais de temps. La plupart du temps nous sommes des piètres artistes, des apprentis de la perfection et de la clarté. Pour cette raison, personnellement je milite en faveur de l’à peu près, de l’imperfection, de l’hésitation, de la rature, de la rayure, des calembours à rebours d’une logique que suivent seulement des faux amis d’une langue à l’autre, des lapsus, des contrepèteries et d’autres écarts, des fissures dans les réacteurs de nos pensées et dans les placards de nos mémoires. Si l’Esprit saint est aussi dans les lapsus, il est aussi partout dans ce qui n’est pas parfait.
Et si on s’attache uniquement à l’instantanée, ce n’est pas seulement parce que l’on n’a pas le temps pour concentrer l’attention sur un sujet plus longtemps que quelques secondes.
C’est aussi parce que l’on croit que la vérité y réside aussi, l’art de l’éphémère se regarde dans le miroir de l’éphémère de l’art. S’il n’y a personne pour les admirer au-delà de la durée de l’éphémère, sans le retenir dans la mémoire, les deux, l’éphémère et l’art se détruisent mutuellement. Mais la vérité y est même éphémère, peut-être avant tout là, car mise à nue, d’où les questions pièges, du direct. C’est tellement plus facile d’éviter les questions pièges, de l’Esprit Saint, alors que pour lui, le seul désir de piéger vise le péché. Comme des déchets radioactifs piège dans des fûts en verre. Sous le dictat de la transparence on a perdu la vertu de la prudence. Le secret du confessionnal est tellement dévoué qu’il doit être porté devant le tribunal public en toute chose.
Et pourtant, cette exigence â être parfait, c’est-à-dire conforme (!), cela ne concerne pas uniquement des personnalités publiques. Grâce à la démocratisation des moyens de communication mise à disposition, un quidam est élevé au rang de « chef d’État ». Ce n’est pas que l’on va lui attribuer la même exigence à tout moment, pour la plupart, il sera oublié sans avoir été présent « à la une des journaux », je le mets entre guillemets, tellement l’expression perd son sens au profit « de la une des Twitter » etc.
Mais un jour, on se souviendra de vous. En effet, pourquoi vous êtes allés à cet endroit, qu’est-ce qui vous a motivé pour choisir ce vêtement, pourquoi préférer Picasso à Rembrandt etc ? (Est-ce grave docteur, oui susurre-t-il, concernant les deux Picasso et Rembrandt, je peux vous soigner, dit-il, je peux vous libérer de deux, mais je ne peux pas vous soigner de tout le monde. Et pourtant, l’admirateur de Picasso est décontenancé, en avouant au docteur, moi qui me croyais, pas tout à fait comme il l’aurait fallu, à l’aide de votre soin, je serai devenu comme tout le monde.)
C’est au regard de savoir de quel côté des barreaux se trouve la liberté. L’Esprit saint et le pape, c’est une chose, chacun de nous et le pape, en est une autre, mais c’est sans commune mesure avec la troisième paire, nous avec nous.
Faites des carottages dans les profondeurs de vos êtres, osai-je un jour conseiller à un couple de fiancés, dont je senti, qu’il y avait du travail pour qu’il puisse se connaître un peu mieux, sans pour autant devancer sur le cours de leur vie, qui va leur ouvrir les yeux sur bien de différences qui attendent à se manifester entre eux. Juste des carottages, pour comprendre soi-même et l’autre.
Carottage sur trois, quatre sortes de terrains, celui qui fâche, l’éducation des enfants (chrétienne, catholique) des enfants (et de soi-même) ! Un second, plus banal, mais non sans importance : pourquoi la belle-mère énerve tant ? Un troisième sur une conviction artistique, et enfin, si en prime le courage y est encore, sur des différences politiques (les différences religieuses sont supposées être déjà bien regardées, ce qui est rarement vrai).
Il ne s’agit surtout pas d’entrer dans un débat d’idée, je pense que j’ai raison et pourquoi tu n’arrives pas à comprendre, pourtant c’est si simple… Mais sur ce qui me conduit à réagir, d’où cela peut venir, à quoi s’est relié en souterrain de mon subconscient, même d’inconscient. Parfois cela me conduit à constater des failles qui sont liées à mes carences émotionnelles, ou mes raisonnements qui s’enchaînent comme des briques liées avec de la crème anglaise sur un mur en construction en zigzag. La honte de ne pas savoir est moins dommageable que la honte de ne pas se connaître. La fierté d’être persuadé constitue une difficulté pour ne pas changer d’avis, alors que l’on est mis sous les feux de projecteurs jaillissant des raisonnements auxquels on ne peut montrer aucune résistance. Que faire ?
Personne n’est condamné à rester athée comme personne n’est condamné à rester croyant, surtout mal croyant, car tout est perfectible, même l’athéisme (avec quel étonnement qu’on a appris à l’occasion des dernières élections aux États Unis, que les athées déclarés ne sont que 4 %) et l’on ne sait pas très bien où cela pourrait amener. Car très souvent, et c’est normal pour un couple qui se forme (pendant dix ans, mais quand on aime, on ne compte pas), malgré les petites ou grosses disputes, on insiste avant tout sur les similitudes et convergences… d’intérêts. Le problème est justement dans la convergence d’intérêts.
Le pape est soumis à la même loi de clarification de ses positions.
La première loi de clarification est celle d’être cohérent avec soi-même. Qui peut l’être à 100 pour cent ? La seconde est de savoir d’où on parle, il ne suffit pas d’être installé au Vatican pour avoir le droit à la reconnaissance d’une vérité immuable qui sort de la bouche d’un pape innocent comme un enfant. Ce que sans doute n’est pas François, lui polyèdre, comme la vérité qui n’est qu’une, celle de nos vies. Ma parole !
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