Rencontre avec Olivier Brochet, le directeur de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger. Avec lui nous dressons le bilan de l’année 2021-2022 et nous ouvrons sur la nouvelle année scolaire qui vient de débuter.
Les nouvelles années sont toujours l’opportunité de dresser le bilan de celle qui vient de se clôturer afin de tirer des enseignements de celle-ci ; mais également de s’ouvrir sur l’avenir avec des objectifs certains. Au cours de cette interview avec Olivier Brochet, directeur de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, revient sur les évènements qui ont ponctué l’année 2022-2022, avant de nous présenter les objectifs pour 2022-2023.
Le baccalauréat et Parcoursup
98,5% des élèves de Terminale du réseau de l’AEFE ont obtenu leur baccalauréat l’an dernier, dont 83% avec mention. C’est bien au-dessus de la moyenne nationale qui s’est établie à 91,1%.
Ces taux de réussite particulièrement élevés, prouvent encore une fois la qualité du réseau d’établissement français à l’étranger, permettant ainsi aux élèves de pouvoir entrer en études supérieures sereinement. Si pour l’heure, la campagne de Parcoursup n’est pas encore terminée, 14 300 élèves sur 19 000 se sont inscrits sur la plateforme. Soit une augmentation de 1000 élèves par rapport à l’an dernier, montrant ainsi l’intérêt croissant des élèves pour le système universitaire français.
Une rentrée difficile pour certaines zones du monde
Si pour la majorité des établissements français à l’étranger, la pandémie de coronavirus est derrière elle, pour d’autre ce n’est pas encore le cas comme à Shanghai. De plus, pour certains lycées ce sont les crises internes aux pays qui posent problème sur le plan sécuritaire. Nous pensons notamment à Haïti ou Kiev. Ainsi, la reprise des cours se fait en distanciel ou sous format hybride pour ces écoles, à part pour la capitale ukrainienne où la rentrée a été décalée au 7 septembre pour l’instant.
Cependant, la possibilité de devoir passer du présentiel au distanciel en un rien de temps n’inquiète plus le directeur de l’AEFE. A ses yeux, les deux années de pandémie ont permis à l’Agence d’apprendre à s’adapter rapidement à tous types de situation.
Les différends avec les syndicats de professeurs sur le décret 2022-896
L’année scolaire 2021-2022 a été marquée par les différends avec les syndicats de professeurs du réseau. En cause, la rédaction du nouveau décret réglementant le recrutement des enseignants. Si Olivier Brochet salue “la qualité du dialogue” avec les syndicats, ces derniers ont souvent décrié un “manque de dialogue” et “un passage en force” de la part des ministères concernés et de l’Agence.
Effectivement, ce nouveau décret 2022-896 a été reçu bon gré mal gré par les syndicats de professeurs. Car si une avancée est à noter, plusieurs reculs le sont également, comme la volonté de supprimer les Commissions consultatives paritaires qui influent de la transparence dans le recrutement. Cependant, les syndicats ont saisi le Conseil d’État au cours de l’été qui leur a donné raison. Ainsi, elles n’ont pu être enlevées du texte.
Par ailleurs, le directeur de l’Agence explique qu’au moment de la rédaction du décret, l’objectif était “de sécuriser le statut” des enseignants et que tous les dossiers ne pouvaient pas être rouverts sur le moment, par manque de temps. Cependant, il appuie le fait que le dialogue va reprendre avec la rentrée.
La réforme de la gouvernance
Le 1er mars dernier est paru au Journal Officiel, la loi 2022-272 “visant à faire évoluer la gouvernance de l’AEFE et à créer les instituts régionaux de formation” (IRF). Ce texte de loi rajoute, d’un côté, des personnes autour de la table du Conseil d’administration de l’AEFE, et favorise, d’un autre côté, l’implantation des IRF.
Bien que des personnes viennent se joindre au Conseil d’administration de l’AEFE, celle-ci reste majoritaire en terme de voix. Aux yeux d’Olivier Brochet, il est normal que “l’État garde la majorité compte tenu de l’importance de la subvention publique” pour le réseau.
De plus, la loi favorise l’implantation des IRF. Ces nouvelles structures sont à vocation de formation des personnels enseignants et administratifs, membres ou non du réseau de l’AEFE. Il en existe actuellement seize à travers le monde, dont le premier a été inauguré à Dakar au Sénégal en janvier 2021. Ils sont voués à “répondre à la demande” des établissements en termes de formations et de personnels.
Les homologations
En cette nouvelle année scolaire, dix-sept nouvelles homologations ont été ajoutées au réseau de l’AEFE, et quarante en tant qu’extension d’homologations. L’agrandissement du réseau permet ainsi d’atteindre petit à petit la volonté présidentielle de voir les effectifs d’élèves doubler d’ici à 2030, comme c’est inscrit dans le projet CAP 2030.
Le réseau ne cesse donc de s’étendre avec des établissements privés. Si pour les élus de gauche et les syndicats, le mélange du privé et du public pose problème, Olivier Brochet se défend en expliquant que “ceci a toujours existé” et permet au réseau d’établissements français à rester le premier réseau d’enseignement à l’étranger.
De plus, il explique qu’en terme de nombre d’élèves inscrits, les établissements en gestion directe et conventionnés “restent la colonne vertébrale, le socle de référence des établissements français à l’étranger”.
Les grands évènements de l’année à venir
L’année 2022-2023 a pour fil rouge “l’approche aux médias” avec comme thème “s’informer dans un monde connecté pour former des citoyens éclairés”. Pour le directeur de l’Agence, cette thématique est importante pour eux depuis longtemps, car ils sont convaincus “que c’est l’un des éléments de la formation de leurs élèves les plus importants” car elle fait partie de la formation “des citoyens de demain”. Dans un monde où sommes constamment entourés l’information, il leur parait primordial de donner les clés de compréhension et de tri des informations aux élèves.
Ainsi, différents évènements prévus pour l’année seront organisés autour de cette problématique. Nous pensons notamment à la Semaine des lycées français du monde qui se déroulera aux alentours de fin novembre – début décembre ; à la semaine de la presse et des médias en mars ; ou encore à la résidence prévue pour le personnel de l’Agence en avril. Tant de rencontres planifiées pour sensibiliser et former les élèves et les professeurs sur l’éducation aux médias.
De plus, d’autres grands évènements sont prévus pour l’année, tels que les Jeux internationaux de la jeunesse (JIJ), l’orchestre des lycées français du monde ou encore les ambassadeurs en herbe.
Retrouvez le message de rentrée d’Olivier Brochet à l’occasion de la rentrée