Une grande consultation publique de 3 mois a été d’ailleurs été lancée lundi, pour permettre à l’€ numérique de concurrencer le Bitcoin et le Libra de Facebook.
Et si ce projet d’€ numérique n’est pas nouveau, cette alternative représenterait une vraie innovation, car elle bénéficierait des garanties d’une banque centrale. Car les cryptomonnaies ont toujours été vues comme un marché parallèle opaque, et échappant au pouvoir de contrôle des banques traditionnelles. D’ailleurs, plusieurs banques se sont déjà renseignées pour créer leur propre monnaie numérique par le passé (Banque de France, du Japon, ou encore la Banque Populaire de Chine), mais aucune n’était allée au bout du projet. Pourtant l’entrée de la BCE sur ce marché, créerait un vrai tournant dans le rapport que l’on a à sa banque.
D’abord, les particuliers bénéficieraient de comptes numériques indépendants des actifs et de la notation des banques commerciales. Les paiements seraient alors sécurisés et en temps réel, tout en s’inscrivant dans le sens de l’Histoire, avec le recours toujours plus fréquent à la monnaie virtuelle, au travers des cartes de paiement, de crédit et de débit. Et parce que la monnaie physique est potentiellement risquée en période de pandémie. De plus, en période de crise, comme on le vit aujourd’hui, la confiance du public décline grandement quant à la solidité des banques commerciales. Pour conserver un peu de pouvoir à ces-dernières, la BCE pourrait donc opter pour un plafond de dépôts en € numériques.
Enfin, l’émergence de la monnaie numérique européenne, révolutionnerait les échanges internationaux. Si le système monétaire international reste sous l’hégémonie du Dollar – du fait de la solidité supposée des obligations émises par le Trésor américain – l’€ numérique a son sillon à creuser. Les obligations générées par le plan de relance « Next generation EU » pourraient devenir un actif sûr, et ainsi talonner la monnaie américaine. Cela permettrait aussi d’échapper au « paradoxe de Triffin », qui fait que la liquidité internationale, fournie par une monnaie nationale, dépend directement de l’endettement de son gouvernement. Cela peut donc avoir des conséquences sur le système de paiement international dans son ensemble. C’est donc une monnaie multilatérale, comme l’est l’€, qui pourrait être privilégiée dans l’avenir. Bien que les DTS – comprenez Droits de tirage spéciaux – existent depuis 50 ans. Mais les Etats-Unis se sont toujours opposés à leur adoption. La concurrence sino-européenne sur les monnaies numériques, pourraient les obliger à revoir leur jugement, rapidement…