Lorsque je suis tombé sur l’information, tout de suite j’ai senti de l’intérêt et le besoin d’approfondir la connaissance du sujet, ce qui m’a été d’un bénéfice incontestable pour être à la page, sans aucun doute, et être en mesure de pouvoir partager de façon la plus pure possible l’envie missionnaire qui ne me quitte jamais.
Plus j’en lisais, plus j’y trouvais des informations qui ne cessaient d’aiguiser ma curiosité.
Au début de notre siècle (dois-je dire du siècle actuel, en cours ?!), les moyens techniques en informatique ont fait un grand bond en avant. Les jeux interactifs en sont issus comme enfants légitimes de leur créateurs, et de la création, il y en a.
Dans ces années, au cours de la préparation au mariage, j’ai eu la chance d’accompagner un couple dont le garçon était dessinateur professionnel de Manga. C’est à peu près à cette période que date aussi la première publication de la Bible accompagnée de dessins en Manga.
A l’époque, j’ai trouvé cela un peu original pour ne pas dire osé, tellement l’audace de la mettre en avant m’a paru exceptionnelle. Reflexion faite, je n’ai pas trouvé cela plus original que des enluminures, des gravures en noir et blanc, voire les images d’Epinal; après tout, tout peut trouver sa place sous les ailes d’un tel dénominateur commun qu’est le nom de la ville alsacienne, et courir un tel risque, il n’y a pas de mal à cela.
Ce sont les “images d’Epinal” de notre époque, un moyen comme un autre d’être missionnaire et pour l’être, il faut être à la page, peu importe comment cette page va vieillir et éventuellement passer à la postérité.
Mais à l’époque, j’étais bien loin de me douter de l’évolution de la technique et des sujets abordés. Le thème religieux a toujours servi d’inspiration dans l’art ! Même si sous domination de la culture occidentale, l’art s’est tellement émancipé de la religion, qu’il lui arrive d’être surtout un dénonciateur (parfois non sans raison!) des travers qui défigurent les religions, alors que de l’intérieur en principe on voudrait les embellir.
Je me souviens de cette exposition d’art moderne à Manille (essentiellement de tableaux) organisée autour du thème de la décadence de la religion chrétienne, et catholique dans son édition locale en particulier, et les défis qui en découlent pour la société philippine dans la gestion d’un tel héritage.
En héritage espagnol catholique, la population philippine vit un christianisme dont les responsables, (comme souvent dans d’autres pays) sont à la peine pour faire apparaître la valeur de l’Evangile, eux même souvent pris dans la spirale d’une médiocrité absoute collectivement par les conditions d’un vivre ensemble.
Comme toujours, c’est plus facile de voir les travers des autres, la poutre et la paille s’invitent au débat sur la vérité. En le disant, je ne cherche pas une absolution générale pour les imperfections, les miennes ou celles de mes semblables de l’institution. Loin d’en être un défouloir pour soulager l’œil critique, c’est juste une invitation à prendre au sérieux la place de la religion dans les médias.
Le regard que je propose aujourd’hui se limite à quelques faits médiatiques qui remplissent l’espace sonore accompagnés d’images, une sorte de son et lumière version moderne, dont Jean Michel Jarre a certainement déjà eu l’idée de s’en inspirer.
Après la peinture, sculpture, littérature (de moins en moins “pieuses”!,) le cinéma (dans une logique souvent délibérément pas “pieuse” pour deux sous!), mais pas moins riches en enseignements sur la nature humaine avec des chefs d’œuvres dont la mémoire traversera les siècles, est venu le temps du virtuel interactif, où les jeux tiennent une place privilégiée. C’est la joie des jeunes et des moins jeunes.
Avez-vous entendu parler de Roblox? (sinon, demandez à vos enfants ou petits enfants!). C’est un site servant de plateforme interactive des jeux, où chacun peut être héros, car acteur et concepteur, et ceci en connexion avec d’autres joueurs.
Jusque là, rien d’extraordinaire, tellement nous y sommes déjà habitués depuis les rave parties, c’est vrai même pour ceux qui prennent de l’âge un peu plus vite que d’autres, ceux qui les suivent.
Le site fut créé en 2006 par deux américains, dont le nom de l’un, Baszucki, fait penser à ses origines polonaises (à vérifier!).
Mais ce qui est vraiment étonnant, c’est le fait que parmi les jeux créés par des internautes qui s’organisent en communauté, il y a au moins un qui par le thème abordé devient un véritable phénomène, en Pologne tout au moins, dans d’autres pays sans doute aussi.
Le jeu consiste à jouer à la messe; en 2022 presque cinq millions de joueurs y ont participé, ce qui correspond au 16 % des parts de marché de Roblox dans son ensemble.
Le site s’adresse aux jeunes, la moitié, rien que des jeunes américains, n’a pas 16 ans.
Et le comble de mon étonnement fut le fait que la communauté virtuelle qui promeut ce jeu s’appelle “archidiocèse de Gniezno”, diocèse de mes origines.
Dans la présentation de ce site, tout est assaisonné par l’intervention d’un ecclésiastique qui en parle ès qualité de porte parole du diocèse de Gniezno (celui-ci bien réel!) dont le prénom est aussi rare que le mien, car le même.
En quelque sorte, je n’avais pas le choix, mais même sans cela je serai sans doute allé dans cette jungle de jeux interactifs que la modernité fait pousser sur la plaine de nos horizons bien humains et peut-être même bien au-delà.
Les créateurs de la communauté virtuelle de l’archidiocèse de Gniezno ne cachent pas leur but: évangéliser les jeunes! Et ça marche! Et il y a la même énergie des deux côtés de l’écran que ce jeu suscite, comme dans Minecraft.
Ils l’ont fait sans que les autorités du diocèse soient prévenues, le droit de label ayant la même valeur partout; souvent, à la suite de situations semblables, des procès suivent pour régler le litige.
Mais le diocèse réel ne s’en offusque pas, trouvant les jeux très bien faits, avec un réalisme qui suppose du temps et des compétences, (et on peut ajouter de l’amour aussi), et non mécontente, donne l’impression de prodiguer sa bénédiction à une telle entreprise.
Peut-être même, j’irai un jour y participer, car faire un jeu virtuel sur un thème qui m’est bien connu, ne peut que réveiller la conscience sur certains aspects dont je n’aurais pas encore pris la mesure de leur réalité, ô combien utile pour la vie d’un croyant, qui de plus, est appelé à accompagner d’autres.
La passion des créateurs du site est sans doute pour quelque chose dans la propagation du jeu, mais surtout la manière d’exploiter le thème de la messe est original et moderne.
Car jouer à la messe n’est pas une nouveauté. On a pas attendu les consoles pour le faire, le pape Benoît XVI l’avoue; certains musées en Pologne exposent des jeux fabriqués pour dire la messe, l’autel, vêtements liturgiques etc.
Et pour évoquer mon souvenir personnel, avec mon frère aîné, quelques fois nous avions joué à la messe; et un peu plus tard pour les travaux manuels dans le cadre de l’école, j’ai ambitionné de fabriquer un pupitre pliable et pivotant, comme celui que je connaissais à l’église, en moins bien, mais le devoir été validé et le réalisateur plutôt content.
C’est durant la pandémie que ce jeu s’est beaucoup développé contribuant à la croissance y compris financière du site, Roblox est devenu second sur le marché de jeux, pesant 2 milliards en 2020.
Ce jeu révèle la pénétration du virtuel dans la vie des nouvelles générations qui vont composer avec, pour vivre dans leur monde, vivre leur monde.
La pandémie et les messes en podcasts ont créé des nouvelles habitudes, celles de vivre sa pratique à distance de la communauté physiquement rassemblée.
Pour une partie de pratiquants plutôt parmi la population âgée, mais pas seulement, car la génération de leurs enfants s’y accommodant de plus belle, c’est une situation qui semble irréversible, alors que pour les jeunes générations qui ne mettent plus les pieds à l’église, c’est encore autre chose.
Parmi les jeunes si peu pratiquants réguliers, Roblox suscitera-t-il des vocations nouvelles à la pratique et donc à la vie communautaire? Ou, au contraire, produira-t-il un effet repoussoir, celui de la prise du large par rapport à l’institution.
Rester chez soi, c’est plus confortable et on gagne du temps, et le fait de ne pas communier n’est pas bien important, on s’en passe sans difficulté aucune, c’est juste un cran de plus que l’on atteint dans la prise de la distance et on devine aisément la trajectoire de l’évolution.
L’avenir déjà proche le dira!
Pour l’instant, préparons-nous à chercher, ce que propose le site: on peut aussi chercher (et trouver !) les œufs de Pâques, mais pour cela on va attendre encore un peu.
En attendant, une suggestion aux responsables des servants d’autel et peut-être bien aussi à ceux de la catéchèse et de l’aumônerie. Allez sur la plateforme pour voir ce que c’est, et ce qui vous semble possible à faire avec eux.
En étant en train de rédiger ce podcast, j’ai reçu un message de l’un des animateurs de l’aumônerie de Hong Kong qui m’a fait connaître une vidéo sur TikTok avec le chant “Comment ne pas te louer, Seigneur Jésus…”
Et même le grand Alain Morandini s’est mis à en parler dans son émission en invitant à y participer un prêtre du diocèse de Rennes qui accompagne des jeunes avec les moyens modernes de communication.
Le prêtre en a profité pour évangéliser, à mon goût un peu trop! Mais on peut l’excuser par le fait que l’occasion fut trop belle, surtout par sa rareté, pour ne pas la rater. Le présentateur a même avoué avoir fait ses communions; j’aimerais bien savoir combien, ce n’est pas par curiosité, mais par le goût de l’exactitude…
En s’étonnant qu’une chanson (si elle est chantée dans le cadre d’un rassemblement de croyants, cela s’appelle un chant) avec les paroles à caractère éminemment religieux, exprimant sur le fond, la foi et la confiance, une louange comme aboutissement de la logique croyante, qui plus est catholique, composée par un africain, puisse avoir un tel succès, l’animateur a poursuivi son affaire en constatant que contrairement aux chants dans les églises de son enfance, l’ambiance créée par les chants dans les églises américaines surtout d’inspiration évangélique attirent du monde et même des non croyants.
Qu’à cela tienne! En effet, en Pologne à l’époque communiste les paroisses attiraient plus de monde qu’il n’y avait de croyants, il n’y a pas de mal à cela, à chaque époque ses propres moyens de communiquer, c’est vrai pour tout le monde, pourquoi pas dans le domaine religieux.
Le seul problème, c’est que l’omniprésence commerciale, y compris idéologique, a presque manu militari (le pape, de combien d’armées dispose-t-il!?) créé un vide métaphysique que la gentillesse humaine tend à remplir comme elle peut.
Si quelqu’un connait personnellement Alain, il peut lui dire que même à Hong Kong dans la CCF on chante “Comment ne pas te louer”, et ce depuis plusieurs années.
Merci Anne-Christine, une autre animatrice de l’aumônerie de jeunes, elle a eu du flair en proposant aux jeunes et à toute l’assemblée ce chant religieux, comme autrefois une autre Anne en me conseillant de lire Harry Potter alors qu’à l’époque presque personne ne le connaissait.
Donc réjouissons nous de nouveaux moyens de communication! En effet, Comment ne pas Te louer!…