L’accord a été conclu le 9 avril lors d’une téléconférence qui a débuté avec 4h de retard, tant les négociations se sont prolongées jusqu’à la dernière minute. Une téléconférence qui faisait suite, à une autre infructueuse, la veille, qui avait duré plus de 16h. Et il faut noter que, tant l’Italie et l’Espagne – pays européens les plus touchés – que les Pays-Bas – réfractaires à l’octroi de prêts – se sont accordés pour abonder le fonds de sauvetage de la zone€.
Ce filet de sécurité de 540 milliards d’€ assure la surveillance des marchés, par la Banque européenne d’Investissement pour ce qui est des entreprises ; et par le nouvel instrument mis en place par la Commission Européenne, pour les salariés. En revanche, la dernière pièce du puzzle ne sera posée que lorsque les « coronabonds » feront consensus.
Une réponse qui intervient avec un peu de retard si on lit entre les lignes des déclarations du président de l’Eurogroupe – Mario Centeno. Une aide « à court terme tout en reconstruisant des économies résistantes à long terme » pour le ministre néerlandais des finances – Wopke Hoekstra. Alors que les Pays-Bas ont longtemps demandé des réformes macroéconomiques aux pays qui sollicitaient des aides. Les Pays-Bas et l’Autriche veulent inclure des conditions plus strictes aux prêts accordés, durcissant ainsi la formule proposée par le fonds de sauvetage. Ce-dernier devait accorder des prêts aux coûts liés aux coronavirus, tout en s’engageant à respecter les règles budgétaires de l’UE. Un duel s’est alors engagé entre l’Italie et les Pays-Bas sur ces fameuses conditions. Car Rome a insisté sur le recours aux « coronabonds » pour financer le coût de la relance, sans augmenter sa dette publique, qui s’élève déjà à 135% de son PIB.
Le MES va donc se borner à limiter les fonds à la couverture de santé liées à la lutte contre le coronavirus. Et pour éviter de financer d’autres coûts, les Etats devront fournir des garanties pour réunir jusqu’à 100 milliards d’€ pour un nouveau fonds temporaire destiné à soutenir les travailleurs.
Enfin, pour s’assurer que le mécanisme ne soit que temporaire, les Pays-Bas ont cherché à élargir le champ d’application à d’autres domaines que l’aide aux chômeurs. Ce qui a fait sortir les dirigeants espagnols de leurs gonds. Affaire à suivre, donc…