Après 4 jours et 4 nuits de discussions, soit l’une des plus longues négociations de l’Histoire européenne, les 27 se sont mis d’accord sur un plan de 750 milliards d’€, financé par un endettement commun. Le président du Conseil européen – Charles Michel – a détaillé la répartition de ce plan de relance, destiné pour 390 milliards d’€ de subventions, et 360 milliards d’€ de prêts. La France, de son côté devrait toucher 40 milliards d’€. L’Italie se voit attribué 28% du fonds de relance, soit 81 milliards d’€ de subventions, et 127 milliards sous forme de prêts.
Et même si elle avait proposé cette somme assez tôt, les pays du Nord et du Sud se sont opposés sur la répartition des moyens, faisant craindre un échec lors de ce sommet tortueux. La Chancelière allemande, Angela Merkel, évoque un « signal important au-delà des frontières de l’Europe ». Des discussions qui se sont donc étalées sur près de 100h, à quelques heures de la réunion organisée à Nice, en 2000, qui avait duré près de 5 jours entiers. Un rendez-vous important alors que les 27 chefs d’Etat se retrouvaient depuis le début de la pandémie, et alors que l’Europe fait face à sa plus sévère récession depuis la 2è Guerre Mondiale. Les diplomates, eux, estimaient qu’une absence d’accord fragilise le bloc et l’expose aux courants eurosceptiques, nationalistes et protectionnistes. Et Emmanuel Macron a tapé du poing sur la table, tôt lundi matin, alors que le camp des « frugaux », emmenés par les Pays-Bas, faisaient craindre un blocage, dans la journée de dimanche. Le Premier Ministre néerlandais – Mark Rutte – a même exprimé sa satisfaction face à ce plan de relance, n’y voyant « aucune déception ».
Or si les pays frugaux ont menacé de faire capoter le plan, c’est parce qu’ils estiment que ce-dernier ne profite qu’aux pays du sud, certes les plus touchés par l’épidémie, mais aussi accusés d’être trop laxistes en matière budgétaire. Le président du Conseil européen a donc dû fournir des gages, en revoyant les 500 milliards de subventions initiales, à la baisse, pour finalement arriver à 390 milliards d’€. Des rabais ont également été accordés aux frugaux, qui estiment que leurs contributions nettes au budget de l’UE est disproportionnée. Ce rabais atteint 22% pour les Pays-Bas, et 138% pour l’Autriche.
La notion de respect de l’Etat de Droit a également été ajouté à cet accord. Notamment vis-à-vis de la Pologne et de la Hongrie, accusés de manquement dans ce domaine. Viktor Orban a pourtant réussi à lever cette procédure, ce qui a été salué par la presse hongroise.
Et concernant le financement de ce plan de relance, un emprunt sera contracté avec un remboursement portant sur une trentaine d’années. Le commissaire européen, Thierry Breton, y voit une avancée historique, et la « fin de l’Europe naïve », notamment en ce qui concerne les aides d’Etat non européennes, quand on sait que la Chine investit massivement en Europe. Désormais, les entreprises qui bénéficient de ces aides, ne seront pas autorisées à porter concurrence aux entreprises européennes, y compris en ce qui concerne les subventions, a affirmé le commissaire européen.