Dans le cadre de la campagne électorale des élections législatives du 30 juin et du 07 juillet, nous proposons aux auditeurs de la French Radio Hong-Kong et aux lecteurs du site Lesfrancais.press de rencontrer les candidats, sur la XIème circonscription des Français de l’étranger, représentant les 3 principaux mouvements en position de créer une coalition à l’Assemblée nationale et de gouverner notre pays. Première invitée : Anne Genetet, la députée sortante qui se représente pour la majorité présidentielle sous l’étiquette Ensemble, soutenue par le parti d’Édouard Philippe, Horizons.
L’interview de la candidate Renaissance
Q: Vous n’avez que quelques jours entre le dépôt de candidature et le vote. Comment est-ce que vous pensez vraiment faire campagne en si peu de temps ?
R: Je crois que dans ce temps très court sur une circonscription qui est aussi vaste, avec autant de fuseaux horaires, la campagne se fait essentiellement par voie numérique, avec peut-être quelques déplacements. Il faut vraiment capitaliser sur le numérique.
Q : 15 jours de campagne pour un engagement de cinq ans. Est-ce que ce n’est pas un peu priver les électeurs de débat ?
R: À partir du moment où on rend la parole au peuple, il y a déjà ,de fait, un débat.
Ensuite, rappelons-nous que même lorsque nous avons une élection législative dans les suites d’une présidentielle, le moment où la campagne démarre vraiment est toujours un peu lent et il y a finalement une campagne relativement courte. Enfin, les Français, sont « saoulés » avec des campagnes trop longues. Donc finalement, une campagne très courte permet d’aller à l’essentiel, de débattre des sujets qui sont importants. Et je crois que c’est ce que les Français attendent. Ils attendent que l’on aille vite et que l’on soit efficace.
Q: Dans la 11ème, le Rassemblement national est fort avec près de 10 %, pour les européennes. L’arrivée au pouvoir en France de ce parti est la question clé. Est-ce que c’est le paradoxe entre une campagne en France et une autre en dehors des frontières ? Quel est votre avis ?
R: Je respecte infiniment le vote de chacun des électeurs. Le choix de chacun est souverain et je n’ai en aucun cas à le juger.
Vu de l’étranger, nous regardons notre pays un peu différemment. Nous voyons qu’il y a un véritable choix de société, un choix de projet pour la France. Quelle France nous voulons dans les mois et dans les années qui suivent. Nous regardons la France différemment.
J’ai été interpellée par certains de mes interlocuteurs étrangers de la circonscription, qui sont venus me voir paniquée en disant « Mais qu’est ce qui se passe chez vous? »
« Que va devenir la France? », en voyant cette perspective de l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national.
Nous voyons de l’extérieur combien le Rassemblement national peut faire peur à nos pays partenaires avec lesquels nous construisons notre avenir, par exemple économique ou encore en matière de sécurité et de défense. Donc, oui, il y a une inquiétude véritable. Nous avons là un enjeu de société. Je respecte infiniment le vote de chacun, mais je veux vraiment mettre en garde attention sur quelle France nous voulons dans les mois et dans les années qui suivent.
Défendre ces entrepreneurs
Q: Quelle est la réforme pour les expatriés, celle pour laquelle vous vous engagez plus particulièrement ?
R: D’abord, nous ne sommes pas que des expatriés, nous sommes des Français qui habitons à l’étranger. Parmi nous, nous avons des expatriés, mais nous avons aussi des Français qui se sont installés là depuis fort longtemps avec un véritable projet de vie. Je pense notamment aux entrepreneurs français à l’étranger, qui sont dans une structure économique de droit local. Nous avons par exemple dans le secteur du tourisme et de la restauration, un grand nombre d’entrepreneurs qui sont, je le dis souvent, le dernier maillon d’une chaîne économique et de valeur qui commence en France.
Tous ces entrepreneurs, sont ceux qui font vivre l’image de la France, qui nous font exister, qui font que la France donne des étoiles dans les yeux de nos interlocuteurs. Ce sont ces étoiles que je ne veux pas voir disparaître. Donc oui, j’ai envie de continuer à pouvoir défendre ces entrepreneurs.
J’avais déposé une proposition de loi lors de mes deux mandats précédents pour créer une forme de label qui permette de les identifier, car aujourd’hui, ils sont très nombreux dans beaucoup de pays, mais on ne les connaît pas, on ne les identifie pas.
Ça donne une force à la présence française qui est absolument extraordinaire.
Nous étions aussi en train de travailler avec le ministre du Commerce extérieur et en charge des Français de l’étranger pour que ce projet de label puisse avancer sans en passer par la loi. J’espère bien, dans le mandat qui vient, pouvoir avoir le soutien du prochain ministre du Commerce extérieur et des Français de l’étranger pour faire avancer et vraiment déployer totalement ce label.
Q: Concernant la circonscription, la 11ᵉ circonscription, quels seraient aujourd’hui les points que vous auriez à mettre en avant ?
R: (…)La croissance du monde de demain, elle est en Asie. Donc il faut que notre région soit beaucoup plus attractive, beaucoup mieux connue. Il nous faut beaucoup plus de Français dans la zone. Ça veut dire aussi, par des services publics beaucoup plus déployés. Nous avions obtenu 100 emplois d’agent de l’État sur l’ensemble du réseau, et notamment beaucoup étaient déployés sur la région Indopacifique. Il faut pouvoir continuer dans cette voie. On va ouvrir en septembre un consulat général à Melbourne. J’en suis très fière. Et puis, par ailleurs, nous devons aussi développer le réseau des écoles françaises à l’étranger.
Peu importe le statut, qu’elles soient conventionnées, partenaires, ce qui importe, c’est qu’elles existent parce qu’elles sont notre outil de présence française et d’influence française.
Nous avons par exemple ouvert une nouvelle école française à Taipei. Voilà un très bon exemple. On déploie aussi d’autres écoles en Australie. Il y a un projet de conventionnement d’écoles en Nouvelle-Zélande. Le réseau des écoles françaises est essentiel.
Q: Vous avez été critiquée sur la question fiscale, et notamment le projet que vous avez porté sur la fiscalité des Français de l’étranger. Qu’est-ce que vous avez à dire?
R: Nous avons déployé avec l’ensemble des parlementaires français à l’étranger, tous les efforts pour faire comprendre que les Français qui sont à l’étranger ne sont pas des exilés fiscaux, notre majorité avait commencé à le comprendre.
J’avais d’ailleurs commencé à faire avancer l’idée que les niches fiscales pour les sujets de transition écologique deviennent accessibles aux Français qui sont établis à l’étranger et qui ont des revenus de source française. Cette idée était en train de progresser. Donc c’est un des sujets que je veux absolument pouvoir faire avancer dans le prochain mandat.
En revanche, quand je vois les projets politiques qui arrivent du côté du Rassemblement national comme du côté du Front populaire, qui l’un et l’autre nous considèrent tous comme des exilés fiscaux et veulent nous matraquer sur le plan fiscal surtout, il ne faut pas les faire avancer. L’urgence est là.
Q: Quel message souhaitez-vous transmettre aux électeurs de la 11ème circonscription pour leur expliquer pourquoi voter pour vous ?
R: La continuité de mon travail. J’ai expliqué les points sur lesquels j’ai travaillé. J’ai également aidé des Français de notre circonscription pour des erreurs dans les calculs d’impôts, pour la liquidation d’une retraite qui traînait, pour le remboursement de frais médicaux qui avaient six mois de retard, des choses vraiment très concrètes dans la vie de nos concitoyens. Pour répondre à ces demandes, mes interlocuteurs auprès de qui je peux avoir la réponse à ces problèmes, se trouvent à Paris, donc ça m’oblige à une présence à Paris pour les voir en face à face.
Q: Justement cela peut être une réponse à la critique que l’on vous fait est de ne pas être présente sur la circonscription ?
R: En effet, le travail du parlementaire, que ce soit le travail de vote de la loi de contrôle du gouvernement, ou de l’action de l’intervention pour des cas auprès de nos concitoyens de la circonscription. Tout ça, c’est à Paris.
Pour mes déplacements, je ciblais uniquement les périodes de pause parlementaire, le moment où l’Assemblée suspend ses travaux. Il y a trois semaines à Noël, une semaine en février, deux semaines en avril et trois à quatre semaines au mois d’août.
Par ailleurs, je fais très attention à ne pas me déplacer pour me déplacer car derrière, n’oublions pas qu’il y a un enjeu d’empreinte carbone et j’y suis extrêmement attentive. Et donc oui, je choisissais les déplacements là où je considère que j’avais une valeur ajoutée, que ma présence pouvait apporter une aide, une visibilité, que nos concitoyens attendent, que nos consulats, que nos ambassades attendent.
Donc oui, je choisissais mes déplacements avec beaucoup de discernement.
Le député n’est pas utile sur tout et l’utilité est d’abord à Paris.
Pour revenir à ce qui me conduit à m’engager dans cette continuité de mon travail, le deuxième point, c’est que nous sommes en état d’urgence politique et que nous avons là deux projets qui, clairement, visent à terriblement affaiblir la France.
On le voit depuis l’étranger, nos interlocuteurs étrangers nous en parlent.
Je ne veux pas que mon pays soit affaibli. Il était déjà. Ne nous leurrons pas, nous sommes une puissance moyenne. Le général de Gaulle l’avait déjà dit. Donc, il nous faut faire attention à ne pas devenir une toute petite puissance, c’est un travail quotidien et le député y contribue considérablement.
Et puis enfin, parce que je suis au cœur de la circonscription depuis 20 ans maintenant. Je l’ai sillonné partout, que ce soit à titre privé auparavant ou en tant que parlementaire. Je crois que je la connais vraiment bien et je sais encore que nous avons plein de combats à mener, des écoles, des alliances françaises, des entrepreneurs français à défendre, également des projets sur la stratégie indo-pacifique de la France à continuer à porter. C’est tous ces combats-là que je veux continuer à mener.
Pour suivre la candidate :
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Les candidats déclarés lors de l’édition de ce sujet le dimanche 16 juin. :
Franck Pajot – Nouveau Front populaire (PS)
Pierre Brochet – RN
Marc Guyon – Union des droites (investiture non confirmée – possible dissidence)