J’ai dû retirer ma fille de l’aumônerie. À cause de la pression scolaire. Ce podcast se situe en prolongement de celui de la semaine précédente.
Les meilleurs résultats scolaires en contrôle continu et surtout aux concours sont ceux obtenus quand l’étudiant a bien travaillé toute l’année, tout y étant plutôt, relativement détendu. La meilleure sélection surtout aux concours est pour ceux qui s’avèrent psychologiquement les plus résistants.
Lorsque moi-même j’ai passé le bac, un des bacheliers, fils d’un prof de ce même lycée, sous l’effet des calmants, a rendu une page blanche.
On le sait, cela peut être inefficace d’exagérer dans le sens inverse, et on réfléchit pour savoir comment accompagner les enfants le mieux possible, en les gâtant par les petits plaisirs de la vie.
On se soucie qu’il mange bien, qu’il dorme bien (tu ne rentres pas trop tard, “les copains d’abord” semble si souvent contrarié); qu’ils se sentent d’attaque pour assumer la mémorisation par-ci, la compréhension par-là, les deux parfois pour avoir des bons résultats à tout sorte de tests.
C’est une machine poussée aux limites de ses capacités pour une performance optimale. Et quand on sent que la machine est un peu grippée, on cherche à y remédier, on cherche sa remise en marche.
La pression semble indispensable pour mobiliser les énergies et aiguiser la volonté. Le mot allemand Andrücken est employé pour décrire le processus d’une action visant à imprimer un texte ou un dessin… et vise surtout le résultat d’une pression avec laquelle l’encre se fixe sur la surface et un peu en profondeur du support, parfois avec une pression marquant le support par un léger creux.
Les efforts des parents pour accompagner leurs enfants dans ces moments décisifs pour leur avenir sont réels, pleins d’attention, en les aidant à trouver une bonne orientation pour les études supérieures et un bon métier par la suite.
Tout cela bien évidemment par amour, et donc pour le bien de la progéniture. Est-ce toujours si sûr ?
Tu veux faire quoi dans la vie ? je ne sais pas; heureusement qu’il y a les parents, eux ils le savent.
Qu’est-ce que tu aimes comme matière ? SVT et histoire.
Et alors, voudrais-tu te consacrer à étudier ces matières pour en faire le métier ?
Je ne sais pas, mais parents veulent que je fasse math-physique !
Et toi ? bah, je vais le faire,
Qu’est-ce qui te gêne dans les math-physique,
Je ne sais pas, je n’aime pas ; mais je vais le faire quand-même.
Heureusement donc que les parents le savent, c’est aussi leur rôle que d’orienter le choix, comme pour l’éducation chrétienne, puis il choisira plus tard. En effet, tôt ou tard il choisira au sens de faire sienne telle ou telle orientation professionnelle, tout comme pour l’orientation de vie par le truchement d’une philosophie de vie ou franchement d’une religion.
Sauf que dans le domaine religieux, on laisse faire plus facilement que dans le domaine scolaire, et ce parce qu’on considère l’éducation chrétienne comme une matière surtout optionnelle, ce qui ne donne pas le même poids, car vu le nombre de points que l’on y accorde, cela provoque une motivation toute relative.
Dans le domaine religieux on admet une liberté presque démesurée, souvent parce que mal fondée sur l’amour qui supporte tout, qui espère tout, qui endure… Il y a des exceptions, mais l’objection majeure demeure : est-ce que l’on peut se battre sur tous les fronts, assurons l’essentiel, pour le reste, on verra, surtout il verra.
De facto, on admet non seulement d’être incompétent dans le domaine de la religion et de la foi, et de fait souvent techniquement on ne l’est pas, mais surtout la motivation n’y est pas.
S’il ou elle a reçu quelques bonnes bases d’éducation pour se comporter bien, c’est déjà ça, l’essentiel est qu’ils deviennent de bonnes personnes, ce qui en effet est évident du point de vue chrétien, et c’est déjà énorme vu l’environnement qui est porteur de bien d’autres valeurs pour profiter des vents favorables pour une vie à vivre le plus pleinement possible.
En matière de sanction religieuse (la vie éternelle) personne ne semble sûr de son efficacité et donc de son importance !
Pas de pression donc dans le domaine religieux, sinon, on risque purement et simplement la suppression de tout contact avec la religion. Là, les vents favorables pour se mettre en mouvement, on les cherche ; sans être expert, on peut deviner que le manque d’entraînement en est la raison principale, de fait on ne cherche pas bien longtemps, quelques essais infructueux suffisent pour plier bagages.
La pression sociale n’est pas que dans le domaine scolaire, elle s’exerce aussi dans le domaine relationnel, où certaines filiations et appartenances, y compris religieuses, ont une côte plutôt négative ou franchement mauvaise.
Avant de se sentir à l’aise dans le domaine religieux, il faut franchir bien des obstacles, plus on espace les tentatives pour y parvenir, plus c’est difficile.
L’orientation sur l’avenir professionnel est accompagnée d’une intensité incomparablement plus forte, qui frôle l’opiniâtreté, jugée de l’extérieur, parfois démesurée.
Enfin, son avenir qui s’y joue, j’entends des soupirs dans les hauts parleurs de mes postes d’écoute à distance, ce n’est pas du contre-espionnage, c’est de l’espionnage tout court.
On est d’accord, c’est leur avenir qui s’y joue, et à l’occasion on se joue de l’enfant lui-même dans sa totalité. On l’aime tout de même un peu comme cela: on l’aime dans ce qu’il nous est le plus aimable. C’est bien connu, on s’en défend, tout en y consentant un peu, c’est bien naturel et personne n’a à regretter quoique ce soit.
La fierté affichée le jour du mariage en conduisant à l’autel de consécration (et parfois jusqu’au sacrifice) celle ou celui à qui on a voué toute une vie parentale, est plus que légitime, elle signe un aboutissement, celui de conduire l’enfant jusque là dans la vie d’adulte, l’émotion que cela génère n’a rien de déplacé et la fierté rien d’impudique.
Après des belles études, le début d’une bonne carrière, le goût des voyages et des découvertes, une stabilisation en sédentaire nomadisant, tout saupoudré de confettis rappelant les pétales de fleurs ou les pétales de neige pour épouser le destin couvert d’une innocence que l’on ne peut qu’envier.
Et même, désirer. Regardez comme je l’aime est sincèrement (nécessairement) pudique.
Je suis venu te dire, de Gainsbourg amalgamé avec, Je ne sais pas comment te dire, de Patrick Bruel expriment le positionnement des jeunes et de leurs parents dans leurs relations réciproques, nécessairement fortes et parfois compliquées.
Dans cette hésitation aux allures d’une déclaration d’un état de fait, se cachent deux interrogations, l’une étant le versant de l’autre : peut-on réussir en tout et peut-on faire confiance à tout ?
Peut-on faire confiance en tout à ceux qui nous aiment tant? On connaît la réponse, c’est toujours parcellaire. Pour la réussite c’est pareil. On connaît la réponse, mais on se la pose quand même, lourde d’un tel poids est la foi en l’autre, et dans le destin, en soi.
Cette double interrogation prend une allure cruciale pour les mariés de parents divorcés qui jurent ne jamais reproduire les erreurs de leurs parents.
Sans s’en rendre compte, ils reproduisent souvent le même scénario, mais avec un mobile différent : ils n’avaient pas vu les pièges qui les guettaient, là où ils n’avaient pas vu le danger.
La machine performante qu’est un élève ou étudiant peut faillir à ses devoirs, ne sont pas si rares les cas de schizophrénie déclenchée à 18-20 ans, certes sur un terrain favorable, les blessures de grands sportifs compétiteurs font comprendre que le corps humain n’est pas qu’une machine à gagner.
Apprendre à se mieux connaître pour repousser au maximum les limites auxquelles on se heurte sans cesse, est un devoir humain et chrétien ; le faire avec respect pour le porteur de telles limites usque ad mortem, c’est un luxe qu’on n’a pas toujours le temps ni l’argent pour se le payer.
C’est une caisse commune dans laquelle on puise pour avoir de quoi nourrir un tel désir, c’est aussi la caisse à laquelle on contribue au plus grand bonheur des autres contribuables.
Et pour terminer ces extraits trouvés sur Internet sur l’expérience de transgression des ados face au choix d’orientation d’études pour une vie professionnelle future.
“Quand les enfants s’opposent aux parents pour choisir leur orientation : « Ils ont essayé de me décourager en me disant que je n’en étais pas capable ».
A quelques jours des résultats de Parcoursup, le 1er juin, des étudiants et d’anciens étudiants font le récit de leurs choix d’orientation en opposition à leur famille.
A chaque réveillon, la préparation du dîner de famille incombe à Anaëlle. Au menu l’année dernière, aiguillettes de canard pané au pain d’épices et purée de patates douces au chocolat blanc. Issue du Grand-Est, la lycéenne de 17 ans est férue de cuisine : « J’aime la créativité, le dressage et l’adrénaline du service. »
Autant de raisons qui l’encouragent à envisager de quitter son collège privé pour intégrer un lycée professionnel en hôtellerie-restauration, option cuisine. Le choix déplaît à ses parents. Mère enseignante et père chauffeur de car, ils la voyaient continuer en filière générale, plus prestigieuse à leur goût. « Ils ont essayé de me décourager en me disant que je n’en étais pas capable », rembobine l’élève en classe de première.
Anaëlle tient bon. Ses parents cèdent, mais la pilule reste difficile à avaler. « Ils se sont désintéressés de mon travail. Le soir, ils demandent à mon petit frère comment s’est passée sa journée et pas à moi. Cela m’attriste beaucoup », admet-elle. Jusque-là, ses parents étaient très impliqués dans sa scolarité, plaçant leurs économies dans les études de leurs enfants. « Il arrive que les parents projettent sur leurs enfants ce qu’ils n’ont pas réussi à faire. C’est assez marqué quand ils ont beaucoup sacrifié pour leurs études », analyse Shékina Rochat, docteure en psychologie et chercheuse dans le domaine de l’orientation en Suisse.
Le cas d’Anaëlle n’est pas isolé. Selon une étude publiée en 2018 par le Conseil national d’évaluation du système scolaire, un tiers des jeunes interrogés déclare que leur famille leur a déconseillé une orientation qu’ils avaient souhaitée. « Souvent, les parents vont dire que l’important, c’est que leur enfant soit heureux, mais il y a fréquemment des choses sur lesquelles ils vont essayer d’avoir une influence », reprend Shékina Rochat.”
Et il y en a qui sont atteints du syndrome d’imposteur, dont ils auront du mal à se défaire jusqu’à ce qu’ils trouvent leur voie.
Choisir un métier par sécurité, c’est louable, c’est du bon sens. Cependant on sait que si cela peut parfois s’avérer utile, la plupart du temps, les soumis rebelles transformés en rebelles courageux vont changer d’orientation professionnelle à 35-45 ans. Est-ce en relation avec des changements fréquents de partenaire de vie ? Aux spécialistes d’y répondre!