En coaching, je suis souvent frappée par la dureté avec laquelle mes clients se jugent, continuellement … que ce soit en situation de difficulté ou bien de réussite d’ailleurs … « Si j’ai réussi c’est que j’ai eu de la chance » « J’ai bénéficié de circonstances favorables » ou encore « Mais pourquoi je n’arrive pas à faire face ? » « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? »
Mes premières questions ont pour objectif de lever les méconnaissances sur soi, les autres, la situation : je traque les mots comme « toujours » « jamais » « ils sont tous » … Puis je présente le concept d’auto-compassion et je termine la séquence avec un exercice que je vous propose de découvrir à la fin de cette chronique.
Peut-être pensez-vous que la compassion n’a pas sa place dans l’entreprise, qu’elle n’est pas compatible avec une posture de dirigeant ?
Et pourtant ….
Je pense qu’elle a toute sa place dans l’entreprise car un leader faisant preuve de compassion, c’est-à-dire qui éprouve de l’empathie envers les maux d’autrui, qui littéralement « souffre avec » (compassio en latin ) favorise l’engagement, le lien pro social, la fidélité, le dépassement de soi. Des recherches ont démontré que l’auto-compassion permettait une plus grande résilience et donc une plus grande flexibilité face aux vicissitudes vécues au sein de l’entreprise.
Le docteur Kristin Neff, professeur au département de psychologie de l’éducation de l’université du Texas, définit l’auto-compassion comme «la capacité d’accueillir sa propre souffrance avec chaleur, ouverture et intérêt ». Il s’agit donc d’être bon et compréhensif envers soi-même quand on est confronté à des faiblesses, des défauts ou des échecs personnels. Cela signifie qu’on se comporte envers soi-même comme on se comporterait envers un proche dans les moments difficiles.
Développer la compassion envers soi-même repose sur 3 leviers que l’on peut reconnaitre et actionner : l’écoute, la bienveillance et l’humanité commune.
ECOUTE :
Être à l’écoute de soi, de sa souffrance et de ses besoins sans jugement ni dévalorisation permet de vivre en conscience ses ressentis et ses pensées : ce n’est ni être dans le déni, ni dans l’amplification de ce que nous ressentons. C’est une posture à la fois ouverte, curieuse et ancrée dans l’instant présent.
BIENVEILLANCE :
Être bienveillant envers soi-même, s’apporter du soutien et de la considération permet de reconnaître la réalité douloureuse de sa souffrance. Faire preuve de bonté envers soi-même, c’est estimer sa valeur inconditionnelle.
HUMANITE COMMUNE :
Reconnaître que tout le monde fait des erreurs de temps à autres et que cela fait partie de la condition humaine nous relie. Notre expérience fait ainsi partie d’une expérience partagée, plus large, et n’est pas quelque chose qui nous isole.
Je vous propose maintenant un exercice d’auto-compassion élaboré par Christopher Germer et Kristin Neff. Je vais vous poser 3 questions, vous pouvez prendre un papier et un crayon et faire une pause après chaque question pour y répondre tranquillement.
Fermez les yeux et réfléchissez un instant à la question suivante :
Pensez à divers moments où vous avez eu un ami proche qui luttait d’une façon ou d’une autre — a eu un malheur, a échoué ou ne s’est pas senti à la hauteur — et vous vous sentiez plutôt bien dans votre peau. Comment réagissez-vous généralement face à vos amis dans de telles situations ? Qu’est-ce que vous leur dites ? Quel ton utilisez-vous ? Comment vous tenez-vous ? Quel est votre langage corporel ?
Notez ce que vous avez découvert
Maintenant, fermez à nouveau les yeux et réfléchissez à la question suivante :
Pensez à divers moments où vous luttiez d’une façon ou d’une autre — vous avez eu un malheur, vous avez échoué ou vous ne vous sentiez pas à la hauteur. Comment réagissez-vous généralement dans ces situations ? Qu’est-ce que vous vous dites ? Quel ton utilisez-vous ? Comment vous tenez-vous ? Quel est votre langage corporel ? »
Notez ce que vous avez découvert
Enfin, considérez les différences entre la façon dont vous traitez vos amis proches lorsqu’ils éprouvent des difficultés et la façon dont vous vous traitez vous-même.
Remarquez-vous quelque chose ?
Si vous avez noté que vous vous traitez beaucoup plus mal que vos proches, vous n’êtes pas seul… Notre culture ne nous encourage pas à être bienveillants envers nous-mêmes, nous devons donc nous entraîner pour changer nos habitudes. ?.
Pour ancrer cette pratique d’auto-compassion et de bienveillance envers vous-même, voici quelques questions pour vous guider :
Quels sont les différents chemins pouvant vous aider à mettre en place une attitude bienveillante envers vous-même quand vous vous dévalorisez ?
Que faites-vous qui vous permet d’être déjà, en partie ou complétement dans cette bienveillance envers vous-même ? Continuez si cela fonctionne !
Quand vous vous surprenez à assener des jugements définitifs et figés sur vous-même comme « je suis nul » essayez de passer en mode dynamique et contextualisé : « je n’ai pas trouvé comment faire X dans la situation Y».
Puis jouez au détective : retrouvez et explorez avec curiosité toutes les situations passées à vous avez réussi … Comment avez-vous fait ? Qu’avez-vous mis en place ? Quelles compétences, ressources, qualités avez-vous contactées mobilisées pour cela ?
Je vous souhaite de belles explorations et vous laisse avec une citation de Kristin Neff :
« L’auto-compassion offre un îlot de calme, un refuge contre les mers déchaînées de l’auto-jugement positif et négatif sans fin, afin que nous puissions enfin cesser de nous demander : “Suis-je aussi bon qu’eux ? Suis-je assez bon, tout court ? »
A bientôt
Sophie Aballain in Asia
Executive Coaching and Business Performance
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