Malgré l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, aux Etats-Unis, les relations entre les deux pays ne se sont pas apaisées. Au contraire, le nouveau président américain est sur la même ligne que Donald Trump, en ce qui concerne le refus de travailler avec les entreprises technologiques chinoises, comme Huawei, et celles affiliées à l’armée chinoise. Lors du dernier G7, Biden a réaffirmé que les Etats-Unis devaient être le fer de lance de l’Occident, face aux autocrates, parmi lesquels ils englobent les dirigeants chinois. Et Joe Biden a clairement parlé de « génocide » au Xinjiang, et qu’une rencontre avec son homologue Xi Jinping, ne figurait pas parmi ses priorités.
De leur côté, les Chinois entendent bien s’afficher en première puissance mondiale d’ici 2049, année du centenaire de l’arrivée au pouvoir des communistes. La Chine espère ainsi être leader dans toutes les technologies critiques, et réécrire les règles de l’ordre mondial. Considérant que l’Occident est entré dans une période de déclin rapide, les dirigeants chinois savent qu’ils possèdent une longueur d’avance dans leur opposition avec les Etats-Unis, par rapport à la période où les Américains étaient en guerre froide avec l’URSS. Car au-delà de l’influence idéologique et militaire, la Chine possède, en plus, l’arme économique.
Les Etats-Unis se doivent donc de réagir, notamment au travers d’un fonds de 29 milliards de dollars, réservé aux sciences appliquées, pour soutenir des projets de robotique, intelligence artificielle et d’autres technologies. Des dotations ont également été prévues dans la modernisation des infrastructures, dans le plan de relance, initialement prévu à 1 900 milliards de dollars, adopté finalement à hauteur de 600 milliards en mars. Or, les experts prévoient que la Chine dépassera les Etats-Unis en terme de PIB, avant 2035. Elle monte notamment en puissance sur la puissance de ses armées, et sur les investissements dans la recherche et développement. La stratégie américaine, désormais, est donc d’investir dans des armes de pointe, à disposer au-delà des eaux chinoises internationalement reconnues. Et pour la première fois depuis 1945, les Etats-Unis doivent donc faire face à un défi technologique, pour répondre à la montée en game de la Chine. Le conseiller à la Sécurité Nationale de Joe Biden est donc favorable au maintien des tarifs douaniers et des sanctions prises à l’époque de Donald Trump. L’administration américaine a donc étudié les domaines dominés par la Chine (métaux des terres rares, le lithium et le cobalt notamment), ainsi que des ingrédients pharmaceutiques, dans le but de sevrer le marché chinois. La sécurisation des approvisionnement en provenance de Taïwan se pose de plus en plus. L’administration américaine entend, ainsi, élargir le contrôle sur les exportations stratégiques.
Une lutte dans laquelle les Etats-Unis veulent associer les Européens, notamment. L’administration américaine a donc lâché du lest sur le différend qui l’oppose à l’Europe, concernant Airbus. Mais aussi sur le gazoduc qui va alimenter l’Allemagne. De sorte que la confrontation avec la Chine l’emporte sur celle avec la Russie, désormais. En contre-partie, la Grande-Bretagne, le Canada et l’Union Européenne ont suivi Joe Biden dans sa politique de sanction vis-à-vis du Xinjiang.
Un front uni, qui s’effrite cependant sur la question de la lutte contre la Covid-19. Car les Occidentaux ne disposent pas de réserves de vaccins suffisantes, pour contrer la diplomatie chinoise. Et en 20 ans, les rôle de partenaire économique privilégié, est passé des Etats-Unis à la Chine. Même certaines entreprises américaines appellent à plus de diplomatie. Ainsi, les douanes et la protection des frontières ont tardé à publier les ordonnances de blocage des importations de marchandises provenant du Xinjiang.
Enfin, l’influence militaire chinoise s’exerce désormais bien au-delà de ses frontières. Notamment en Afrique, avec plus de 2 000 soldats chinois à Djibouti, notamment. La route de la Soie est même devenue un enjeu diplomatique dans de nombreux ports africains et européens. À défaut de guerre physique, une partition du monde en deux n’est pas en soi inimaginable avec comme bémol le fait que la Chine et ses alliés pourraient être dominants sur le plan du PIB.