Les heures sont comptées, car Européens et Britanniques ont jusqu’au 31 décembre pour trouver un accord. Dans le cas inverse, ce sera une sortie avec quotas et droits de douanes. Et à en croire Ursula Von der Leyen, c’est la solution qui semble se dessiner, après l’appel téléphonique passé à Boris Johnson, dimanche. Malgré un appel « constructif et nécessaire », la présidente de la Commission européenne juge « faibles » les espoirs d’un accord. Quand Boris Johnson estime un échec « très, très, probable ».
Pourtant personne ne gagnera à signer un « hard Brexit ». Les 830 milliards d’€ d’échanges entre l’Union européenne et le Royaume-Uni seront alors régis selon les règles fixées par l’Organisation Mondiale du Commerce.
Parmi les principaux points de blocage, le Royaume-Uni rejette toutes soumissions aux normes techniques, fiscales et environnementales de l’Union. La commission craint également que le Royaume-Uni devienne un Cheval de Troie commercial pour les pays émergents. Les Britanniques rejettent également les décisions que pourraient prendre la Cour de justice européenne (CJUE), se considérant être sortis de l’Union en 2020.
Pourtant, tous les problèmes semblent avoir des solutions. Si de nombreux pays de l’UE pêchent dans les eaux britanniques, 760 000 tonnes de poisson pour 636 millions d’€/an, ce chiffre semble insignifiant par rapport aux 830 milliards d’€ d’échanges entre les Britanniques et les Européens chaque année. Cela aura davantage de conséquences pour chaque pays individuellement, notamment la France, qui y réalise 30% de ses prises. Demain, il y a fort à parier que cela sera soumis à des quotas.
Boris Johnson prépare donc les Européens à un « No Deal ». Et a ainsi signé des accords de libre-échange avec les Australiens et les Canadiens. Des accords qui ne semblent pas forcément plus avantageux qu’avec l’Europe. De plus, certaines incohérences subsistent, comme le retrait d’une loi qui renonçait à l’établissement d’une frontière entre l’Irlande du Nord et l’Eire. Or, sans accords d’accès au marché unique, difficile d’imaginer comment le gouvernement britannique gèrera l’absence de frontière entre les 2 Irlandes.
Et si les dirigeants britanniques négocieront certainement après le Brexit, histoire de ne pas laisser l’impression d’un faux Brexit, d’autres problèmes se poseront certainement. À commencer par la volonté de l’Ecosse de revenir dans le giron de l’UE. Chaque camp devra alors faire preuve de résilience et se répéter qu’ « un partenaire fort et heureux est préférable à un voisin divisé et isolé »…ou entièrement dans l’orbite américaine…