Les réactions les plus vives sont surtout intervenues après le discours d’Emmanuel Macron lors de l’hommage national rendu au professeur. Notamment lorsque le Chef de l’Etat a martelé que « nous ne renoncerons pas aux caricatures ». Elles se sont amplifiée après la déclaration du ministre de l’Intérieur – Gérald Darmanin – qui était choqué par les rayons « de telle cuisine communautaire », considérant que c’est ici que « commence le communautarisme ». Le Qatar est même allé plus loin en retirant les produits français de leurs magasins.
Plusieurs pays ont suivi, avec la Turquie, l’Iran, la Jordanie et le Koweït qui ont dénoncé la publication des caricatures du Prophète, avec Erdogan à la manœuvre. La France a alors réagi en rappelant son Ambassadeur à Ankara. « Un signal très fort » selon l’entourage d’Emmanuel Macron, car c’est une première, alors que les relations diplomatiques entre les deux pays ont été ouvertes sous François Ier. Des tensions qui s’ajoutent au conflit en Méditerranée pour le pétrole découvert au large de la Grèce.
Des appels au boycott relayés par certains médias, comme Al-Jazeera, via ses web-tv, regardées par les jeunes. L’Université du Qatar a également reporté sa semaine culturelle française. Le justifiant par « l’atteinte délibérée à l’Islam et ses symboles ». Le Koweït, lui, a annoncé le boycott des produits français pour une soixantaine de ses sociétés coopératives. Les 430 agences de voyages du pays ont également suspendu les vols vers la France.
Un mouvement qui s’étend même aux internautes des pays du Maghreb. Une manifestation a même réuni 200 arabes israéliens à Tel-Aviv, devant l’Ambassade de France.
Mais ce mouvement s’inscrirait dans « une réaction émotionnelle » qui devrait « s’estomper au fil des semaines », selon Mountassir Hamade, du centre marocain des études et recherches sur le Maghreb. Cependant, certains journaux algériens considèrent que la guerre déclarée par la France à l’islamisme politique « s’en prendrait finalement au prophète de l’Islam ». Il y a donc une crainte que ces amalgames nuisent à nos compatriotes expatriés dans ces pays. Les autorités consulaires ont donc tendance à faire profil bas, de peur de rajouter de l’huile sur le feu. Leurs inquiétudes sont d’assister à une chasse aux produits français et à la stigmatisation de nos compatriotes. L’autre risque est l’embrasement des banlieues françaises. Mais rappelons ici une valeur essentielle de la France : sa laïcité, qui est attachée à une liberté de culte.