Mais rappelons tout de même que le Dollar reste, de loin, la monnaie de référence concernant la réserve mondiale. 62% des réserves de change s’effectuent en Dollars, contre 20% pour l’€, et les 18% partagés par le Yen, la livre sterling, et le renminbi chinois.
Une position dominante, qui permet aux Etats-Unis de disposer d’une part de PIB plus importante destinée à l’Investissement, qu’à l’épargne. Si la dette extérieure nette a bondi de 58% en 30 ans aux Etats-Unis, les encours de trésorerie détenus par les non-résidents sont passés de 400 à 7 000 milliards de dollars, depuis 1990. La zone €, elle, est dans la situation inverse, avec une part d’épargne supérieure à celle de l’Investissement dans le PIB. Par ailleurs, la dette extérieure de la zone € est nulle. Un sous-investissement qui pèse directement sur sa croissance potentielle. Puisque cette-dernière a augmenté de 62% aux Etats-Unis, entre 1998 et 2020, contre 35% en Europe. Enfin, le Dollar tient sa position dominante de monnaie de réserve, en raison de son statut de 1ère puissance économique et de gendarme du monde.
Mais seul l’€ pourra lui faire concurrence dans l’avenir. La Chine ne pouvant y prétendre, en raison de la faiblesse de son marché financier, l’absence de transparence de sa banque centrale, et le caractère peu démocratique de son régime politique. Et même si la création de la Banque Asiatique d’Investissement ambitionne de concurrencer le FMI, les restrictions économiques des investisseurs étranger constituent un frein à l’essor du renminbi. Le Yen et la livre sterling, font face, quant à eux, à un marché trop réduit.
L’€, en revanche, bénéficie d’une zone de chalandise de 300 millions d’habitants, au fort pouvoir d’achat. Le régime démocratique de ses pays rassure, et les décisions de la Banque Centrale Européenne sont transparentes. Mais son marché financier est faible et se renationalisent depuis la crise grecque, pour financer une part croissante de la dette émise par leur pays d’origine. Il faudrait donc une dette unique de la zone € pour attirer davantage les investisseurs. Or, le plan de relance européen, validé au mois de juillet, repose sur l’émission de cette dette européenne. Cela devrait donc favoriser sa notion de monnaie de réserve. Et face au durcissement croissant des règles américaines contre les non-résidents, l’Europe a un atout supplémentaire à présenter.