Ces méditations font parties des textes que je rédige tous les jours depuis pratiquement le début de la pandémie.
Ces textes sont le résultat de mes méditations dans le cadre de la prière du bréviaire et donc il s’appuient sur une citation que je développe
– Apparence de raison
“N’essayez pas de donner une apparence de raison à vos activités privées, mais faites tout en commun: une seule prière, une seule supplication, un seul esprit, une seule espérance dans la charité, dans la joie irréprochable;” lettre de st Ignace d’Antioche aux Magnésiens
L’Antiquité chrétienne me réveille.
Je suis seul face à la lettre d’autrefois.
En quoi ce vieillard centenaire
Qui, conduit à Rome pour y mourir martyre
Peut m’être d’une nourriture aujourd’hui ?
Il me parle de la joie irréprochable,
Il me parle de sa foi considérable,
Il m’enseigne l’unité d’action,
Il m’apprend comment être chrétien.
Ni le premier, ni le dernier,
Ni efficacement, ni précautionneusement,
Mais témoin qui met toute sa vie
Dans ce qu’il dit,
Il ne veut priver personne de la communion.
Seigneur, aide moi à chercher
Avec les yeux de la foi
Ce qui se présente devant moi
Dans la journée et ses occupations,
Dans les pensées et les sentiments,
Pour être en communion avec toi
Uni aux autres maintenant
Comme autrefois.
– Il n’était pas
“L’un des Douze, Thomas
(dont le nom signifie : Jumeau),
n’était pas avec eux
quand Jésus était venu.” Jn 20, 24
Jésus est ressuscité
Et se manifeste.
La stupéfaction fait place
A la joie indescriptible.
Thomas n’y était pas, et alors ?
Lui, le patron de la seconde chance.
Combien de fois?
Toutes.
La seconde chance fait partie de moi.
Je suis son jumeau,
Moi qui rate tant de premiers rendez-vous.
Avec qui ?
Mon destin s’écrit avec les rdv de la Seconde chance.
J’avance et une lumière me devance.
Saint Thomas priez pour nous
Et pour notre seconde chance.
– Septième station : Jésus tombe pour la deuxième fois
Protège moi de l’habitude d’être faillible. Car si une fois, pourquoi pas deux et trois. Anticiper ne sert à rien, il faut juste endurer et se relever. Chaque fois? Ou alors changer de fusil d’épaule, fuir. Non, tu n’échapperas pas à toi-même, vous pouvez vous y perdre tous les deux, toi et ta vie, mais vous ne pouvez pas y échapper, c’est écrit, c’est cela le destin, pas sa trajectoire dans une direction ou une autre, jugée bonne ou mauvaise, mais le fait que l’on n’échappe pas à la vie qui nous porte et si souvent nous cloue au sol, c’est cela le destin, juste cela.
Est-ce un temps de repos pour récupérer des forces, est-ce le temps nécessaire pour se dire que se relever c’est pas seulement possible (on verra dans les faits), mais déjà souhaitable, alors pour qui et à quel prix? Mais, on a déjà compris tout cela depuis longtemps. Il reste à présent à ramasser le morceau de croix qui lui tient en une seule poutre et le caler entre les morceaux du corps déjà bien disloqués, prêts à partir dans tous les sens, alors que de sens, il en a qu’un seul: aller toujours plus haut, mais la tête en bas.
Le cadre de sa vie est maintenant celui d’une croix et son corps va se confondre avec ce cadre là, crucifiant, cruciforme, crucial, cruel. Mais cela c’est pour plus tard, pour le moment il s‘agit de devoir se relever, car tant qu’on bouge on montre aux autres que l’on est encore en vie. Mais il y a des mouvements de paupières que l’on ne voit pas facilement; paupières, ce voile qui couvre le coeur encore en vie, encore dans l’élan d’aimer.
Peut-on se relever seul? Est-ce possible, aucun soutien par les aisselles, oui probablement, faut-il essayer encore? Mais c’est perdu d’avance, car ce qui se joue là, c’est que l’on finira par être cloué pour du bon. Est-ce déjà? Qui frappe, ma mort? Est-ce déjà? Non pas encore, presque le regret se profile dans ce qui reste de la conscience qui capte encore quelques bribes de la réalité le concernant. Tout se voile, même son désir d’aimer jusqu’au bout et si le bout était avant l’arrivée au bout?
Est-il est au bout? Non, pas encore! Nous avons tellement de ressources en nous que cela nous surprend dans les situations exceptionnelles qui appellent à y puiser. Surprenante est aussi la demande d’aller au bout, réalisée par des offrandes qui étaient déjà totales, sans condition, que ta volonté soit faite et pourtant il y a encore à offrir et encore, une longue agonie dans ces préliminaires, dont plus d’un amour se passerait.
Bonne méditation
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Les textes du Père Rémy Kurowski sont postés quotidiennement sur le WhatSapp de la CCFHK. Peut s’y joindre qui veut, il n’y a pas de possibilité d’échanger entre les membres. Ces textes sont le résultat de ses méditations matinales dans les cadres de la prière du bréviaire, et donc ils s’appuient sur une citation qu’il développe.