Madame la députée bonjour, merci de répondre aux questions des francais.press, vous êtes députée des Français hors de France dans la circonscription qui comprend la péninsule ibérique (Portugal, Espagne et Andorre) ainsi que Monaco. Vous êtes au sein de l’hémicycle très engagée sur la question de l’enseignement français l’étranger. Enseignement bouleversé par la Covid-19, ou en sommes nous au niveau des établissements? Quel est le climat et existe-t-il des risques de refermeture?
Samantha Cazebonne: Il y a toujours des risques, nous ne connaissons pas l’évolution du virus, chaque pays décide, étant souverain, en plus bien sûr des protocoles dans chaque établissement qui relèvent aussi de la France. Il peut aussi s’ajouter le principe de précaution dans chaque établissement en fonction des circonstances.
Concernant l’évolution il est difficile d’avoir une lisibilité même à court terme, chacun s’adapte au mieux, dans ma circonscription, c’est à géométrie variable. Certains ont rouvert, refermé, d’autres n’ont jamais rouvert…
Des plans d’aide sont en marche, au niveau en particulier de l’AEFE, où en est le processus? Et par ailleurs, pour prendre l’exemple de votre circonscription, il y a des différences au niveau des remises sur les coûts de scolarité entre par exemple le lycée de Madrid et celui de Bilbao, certains sont en gestion directe et d’autres non. Les plans de soutien sont différents. Comment cela se passe-t-il?
Samantha Cazebonne: la situation est complexe à coordonner en raison des statuts, les réseaux diplomatiques essayent de coordonner mais effectivement les situations varient. Les établissements en gestion directe mettent en application des décisions fixées par un cadre par le Conseil d’Administration de l’AEFE. Les établissements conventionnés font en fonction de leurs possibilités, et certains ont mis en place des remises. La souplesse selon leurs moyens et des comités de gestion.
C’est parfois difficilement compréhensible pour les parents, ils ne comprennent pas et ne cherchent pas à comprendre les différences de statuts entre les établissements, ils recherchent des établissements homologués de l’enseignement français. Ils peuvent avoir des difficultés à comprendre pourquoi le lycée de Bilbao opère des remises que celui de Madrid ne fait pas. Ce n’est pas simple à coordonner, cela tient à l’état des finances de chaque établissement et des directives de l’AEFE.
Nous avons récemment échangé avec un conseiller consulaire de votre circonscription, M. Benlahcen, qui nous a indiqué que par exemple au Lycée français de Lisbonne il y a assez peu de nouvelles demandes de bourses, et ce alors que la situation économique est critique. C’est étonnant, comment analysez vous cette question?
Samantha Cazebonne: Les demandes d’aides sont compliquées pour certaines familles, certains le prennent comme une obligation d’explications financières, c’est assez intrusif et parfois il y a de l’auto-censure, certains se sentent, il faut le dire, humiliés, le mot est fort mais c’est vrai. Il est difficile de prendre parti, il n’est pas concevable de distribuer de l’argent sans justifications mais il faut aussi comprendre que c’est délicat pour les familles aussi, notamment si elles parlent à des interlocuteurs qu’en l’occurrence elles connaissent souvent bien. Parfois aussi les familles savaient qu’ils partiraient l’année scolaire prochaine.
Parlons d’un autre sujet, le baccalauréat, il sera cette année, circonstances exceptionnelles, basé sur une évaluation en contrôle continu. Si les lycées français de l’étranger sur-performent au baccalauréat, ils sont aussi connus pour être très stricts durant le contrôle continu, n’y-a-t-il pas rupture d’égalité?
Samantha Cazebonne: Il existe des commissions d’harmonisation pour vérifier les écarts. Il y a des réajustements dans les deux sens. J’entends effectivement les témoignages de familles, et les professeurs parfois assument de noter durement en expliquant que les lycéens auront des bonnes surprises au bac, maintenant j’imagine que tout cela a été revu en fonction du contexte que nous connaissons et je tiens à réassurer que les commissions ont été mises en place pour réajuster.
Parlons de la rentrée, est-ce que l’on va vers un retour “à la normale” et serait-ce une bonne idée? La pandémie ne nous a t’elle pas donné aussi des pistes sur l’école de demain?
Samantha Cazebonne: Je n’ai pas de réponses définitives sur ce point mais rien ne sera plus jamais comme avant. L’enseignement français à l’étranger s’est adapté au numérique et nous nous préparons à ce qui pourrait être une deuxième vague, tout en sachant qu’elle ne prendra pas l’ampleur du confinement que nous avons vécu. Nous devrons cependant prendre en compte les équipements, le soutien scolaire, cette année a été contrariée, il faudra remettre certains élèves à niveau, rassurer les familles, il faudra s’adapter, notamment au niveau des personnels et des directions.
Pour la rentrée c’est différent selon chaque pays, la Suède par exemple n’a jamais confiné, la situation est différente selon les pays.
Dernière question: le Président de la République a annoncé au début de son quinquennat la volonté de doubler le réseau, est-ce toujours d’actualité ou la question n’est-elle pas maintenant de sauver le réseau?
Samantha Cazebonne: il y a les deux aspects: le développer se faisait via les établissements partenaires, ce qui ne coûte rien à l’Etat et puis via l’AEFE pour mettre en place une structure de formation des enseignants. Le Ministère peut apporter son expertise et les familles sont en demande. Les zones à développer étaient celles où il n’y a pas d’écoles, le projet reste viable, mais maintenons l’existant, je serai dans l’hémicycle la semaine prochaine pour défendre ces aspects, je soutiens les ministres à cet égard.