En quelques jours, le déficit budgétaire est passé de 2 à 9%, et le recul du PIB de 3 à 8%. La baisse d’activité est de l’ordre de 30 à 40% pour les 8 millions de français mis en chômage partiel.
Or, dans cette crise, les Français s’en remettent plus que n’importe quel autre pays, à l’Etat. Les dépenses publiques devraient ainsi atteindre 60,9% du PIB, soit le record absolu des pays de l’OCDE. Une situation comparable aux périodes de guerre, et dont la décrue dépendra d’une augmentation de la production de Biens et de Services, et un reflux des dépenses d’assistance.
Mais si l’on est tenté d’établir la comparaison avec la sortie de la guerre, elle n’est pas forcément juste. Rappelons qu’en 1945, plusieurs villes, comme Le Havre, furent totalement rasées, et les capacités de production, en grande partie détruites. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le nombre de morts se comptait en centaines de milliers, et la France mis près de 25 ans à s’en remettre économiquement. Le rationnement alimentaire pris fin en 1949, et le pays dépendit financièrement des subsides de Washington, jusqu’en 1962. Le temps de travail annuel des salariés dépassait les 2 000h, contre 1 600 actuellement.
Personne ne souhaite donc qu’une génération soit nécessaire pour venir à bout des conséquences de l’épidémie, pas plus que l’on ne souhaite transmettre le coût de cette crise à nos enfants et nos petits-enfants. Et si certains pensent qu’un nouveau monde va émerger, d’autres estiment que les dettes pourront être annulées. Car la compétition avec la Chine, la mondialisation, le digital sont perçus davantage comme des menaces, que des défis. La crise actuelle pourrait même accentuer cette tendance. Dans ce contexte, l’Occident opèrera-t-il un repli sur soi, ou un point de rupture, avec l’affirmation de ses valeurs ? La question est posée…