D’autant plus que de nombreux gouvernements, à commencé par celui de la France, appellent les entreprises qui ont touché de l’argent public, à interdire ce versement. Elle l’a fait par la voix de son Ministre de l’Economie – Bruno Le Maire – vendredi dernier. Pour le ministre, « les grandes entreprises de France » doivent « faire preuve de sens civique ». Ajoutant qu’une « entreprise qui n’a pas de trésorerie pour payer ses charges fiscale et sociales n’en a pas pour payer ses actionnaires ». Une pénalité d’intérêt pourrait alors être appliquée contre les entreprises qui verserait des dividendes, alors même qu’elle demande une avance de trésorerie. Le recours à la garantie d’Etat, qui s’élève à 300 milliards d’€, pourrait donc être conditionné à un comportement vertueux. La même demande de vertu pourrait être appliquée aux entreprises ayant eu recours au chômage partiel. En revanche, aucune interdiction n’a été spécifiée pour ce-deuxième exemple. Mais en amont, plusieurs entreprises françaises ont annoncé une réduction ou une annulation de dividendes, au premier rang desquelles Airbus, Safran, ou encore JC Decaux.
On peut donc aisément penser que le gouvernement préfère faire confiance aux entreprises, plutôt que d’inscrire cette interdiction dans la Loi. Ce qui pourrait décevoir les organisations syndicales et non-gouvernementales, qui appelaient à une action plus musclée de la part du gouvernement. Oxfam dénonce ainsi des mesures trop laxistes, pour qui « l’Etat ne doit pas inviter, mais imposer ! ». De son côté, la CFDT a demandé aux grands groupes français d’agir sans délai. Une validation obtenue jusque dans les rangs du MEDEF.
Et si la France s’est ainsi positionnée, d’autres pays européens pourraient suivre. La Banque Centrale Européenne a d’ailleurs appelé les banques de la zone€, à ne pas en verser durant toute la période de la pandémie. Un appel relayé par le régulateur bancaire national norvégien. Au Parlement européen, l’intergroupe de La France Insoumise a également appelé à une interdiction de dividendes, mais pour 2 ans. Enfin, selon Oxfam, les entreprises européennes devaient verser 359 milliards d’€ aux actionnaires en 2020, soit des dividendes en hausse de 12 milliards d’€ par rapport à 2019.