Changement de constitution
Et cela n’est peut-être pas prêt de se terminer, au vu du changement de Constitution qu’il a mis en place ces-dernières semaines. Dmitri Medvedev a été remplacé en 24h, par l’ancien dirigeant du Fisc Russe pendant près de 10ans, ce qui veut dire au passage, qu’il connaît les revenus et le patrimoine de chacun. Medvedev, lui, ira au Conseil de Sécurité.
Mais rappelons tout d’abord que le mandat présidentiel de Vladimir Poutine court jusqu’en 2024. Or cette réforme de la Constitution vise à renforcer les pouvoirs du Parlement, plutôt que les siens. Mais l’a-t-il décidé en démocrate éclairé, ou par simple opportunisme au vu de la situation actuelle du pays ? Car ce même Parlement semble assez faible pour le renverser. Ou se verrait-il en Reine d’Angleterre, c’est à dire en régnant sans gouverner ? Quoi qu’il en soit, et contrairement à d’autres dirigeants, il n’a pas annoncé la classique limitation du mandat présidentiel dans sa nouvelle Constitution. Il sera donc interdit d’en faire plus de 2, alors que Poutine en est à son 4è mandat, entrecoupé par celui de Medvedev. Mais alors qui pourra lui succéder en 2024 ? Personne ne semble assez armé pour le moment, et la réponse pourrait venir hors des frontières russes. Plus précisémment à Minsk (Biélorussie). Car Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko ont relancé les discussions autour du Traité d’Union entre la Russie et la Biélorussie, lancé en 1999. Le but est de former 1 seul Etat, avec 1 seul Président, un Parlement, une citoyenneté unique et une monnaie commune, notamment. Mais le projet n’a jamais abouti, car Poutine doit réussir à convaincre Loukachenko, considéré comme le dernier dictateur en Europe. Or, ce-dernier se montre susceptible et déclarait récemment : « Si la Russie nous met continuellement la pression, à commencer par les questions du prix du gaz et du pétrole. Si elle continue d’écrire et de dire que nous sommes des assistés et que nous sommes ses boulets, nous lui dirons non merci ». Ce que souhaite Loukachenko, en fait, c’est conserver son pouvoir sur les 10 millions de Biélorusses, et installer son plus jeune fils – Kolia – au pouvoir. Un dessein qui est de l’ordre du possible, et permettrait à Poutine de s’installer comme Tsar de toutes les Russie.
La Grande Russie
Car c’est bel et bien là le projet de Vladimir Poutine. Restaurer la grande Russie, récupérer ce qu’il est possible de récupérer. Et à la Biélorussie pourrait s’ajouter l’Ossétie du sud, l’Abkhazie et la Transnistrie, afin de régler la reconnaissance internationale de ces « pseudos Etats ». Ce qui constituerait aussi un avantage pour l’Europe, en débloquant des conflits gelés et en ouvrant de nouvelles perspectives vers la nouvelle « Union d’Etats russes ».
Et si le maintien au pouvoirs de Poutine et Loukachenko semble acté, le dirigeant russe a ajouté un autre point inquiétant dans sa réforme, en inscrivant la primauté de la Constitution russe sur les Traités, plutôt que celle du droit international. Or, il est peut-être temps que l’Europe joue un rôle en Russie, en profitant de la faiblesse de l’économie russe et les enjeux du conflit sino-américain. Le moment est venu d’investir sur des diplomates et des hommes d’affaires, plutôt que des ventes d’armes et des mercenaires. Poutine a déjà perdu l’Ukraine, la Serbie et la Géorgie. Pourrait-il donc se permettre de perdre la Biélorussie, alors que l’Europe a levé les sanctions contre Loukachenko, en 2016 ? On ne peut en tout cas, ni ignorer, ni geler la frontière ouest de l’Europe.