Même aux Etats-Unis, géant à avoir dénoncé les accords de Paris de 2015, les mouvements de défense de l’environnement sont de plus en plus puissants et démonstratifs… Des jeunes du mouvement « Sunrise » ont ainsi envahi le Congrès pour effectuer un sit-in dans le bureau de la Présidente de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, pour définir un calendrier d’actions précises… Alors que plusieurs élus démocrates souhaitent un « New Deal Vert » reprenant les solutions mises en œuvre par le Président Roosevelt à la fin des années 30…
Mais pourtant difficile de trouver un consensus global… Quand les anticapitalistes pointent du doigt les responsabilités des capitalistes ; ruraux et urbains s’opposent sur l’usage de la voiture ; les jeunes reprochant aux anciennes générations d’avoir contribués à cette situation alors que les antagonismes existent aussi entre habitants et pays sous-développés et ceux des pays avancés… Alors que les agriculteurs sont montrés du doigt pour l’usage de produits phytosanitaires… Et pour l’instant, la transition énergétique est davantage perçue comme des contraintes, plus qu’une belle aventure commune… L’instauration de la taxe carbone a débouché sur le mouvement des Gilets Jaunes, en France notamment, avec la tentation de reporter les responsabilités sur l’État et les entreprises… Et les thèses relatives à la décroissances ont le vent en poupe…
Or, pour assurer la pérennité d’une grande partie de la civilisation, la décarbonisation de l’économie semble nécessaire dans des délais extrêmement courts pour limiter la montée des T°C et des eaux… Les taux faibles devraient également jouer leur rôle pour le renouvellement des équipements et des infrastructures… Et depuis 2015, une remontée de l’investissement semble à l’ordre du jour, mais sans rattraper le retard accumulé depuis la crise de 2008… Et même si les entreprises renouvellent les équipements, l’absence de visibilité économique et le manque de certitudes sur les gains de la décarbonisation ne concourent pas à l’engagement d’un cycle d’investissement vertueux…
Et la décarbonisation suppose une mise à plat des modes de production, de transports et certainement de consommation… Un révolution conjuguée au pluriel… Et avec plus de 80% de la production mondiale consommée venant des énergies fossile, la première révolution sera énergétique… Une multitude de centres de production devra pallier les centrales thermiques… Il faudra aussi régler le caractère aléatoire des énergies renouvelables… Concernant les transports, tous les modes de déplacements devront être revus, impliquant des conséquences pour l’ensemble des chaînes en amont et en aval… Les infrastructures en matière de chauffage et climatisation subiront aussi des changements, avec des bâtiments moins énergivores… Le coût de la transition énergétique pourrait donc s’évaluer à plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars, alors que le PIB mondial est aux alentours de 85 000 milliards de dollars…
Un défi qui paraît presque inatteignable, car l’objectif est de stabiliser puis de restreindre les émissions de gaz à effet de serre, à celui du début du décollage industriel, pourtant avec une population qui sera multipliée par 11 entre 1 800 et 2 100… Et cette transition fait face à la réticence des pays en voie de développement qui craignent pour leur croissance, alors que le réchauffement climatique semble imputable aux pays avancés… Or, pour qu’elle soit réussie, la transition énergétique doit être menée au niveau mondial…
Or, depuis 1750, 3 révolutions économiques sont venues émaillées l’Histoire mondiale… La première avec le charbon, la deuxième par l’électricité et le pétrole, et la troisième par les énergies renouvelables… ET si les 2 premières reposaient sur la verticalité, la dernière est horizontale et se déroule sous la pression constante de la contrainte environnementale… Si les deux première sont reposé sur des partenariats public/privé, les grandes infrastructures ont été réalisées à la demande des États… Et le succès de ces révolutions reposaient sur l’augmentation du niveau d’éducation… Mais les Etats devront-ils s’endetter pour parvenir à la mutation énergétique ? Pour l’instant les administrations publiques doivent faire face à l’augmentation des dépenses de fonctionnement, notamment face au vieillissement de la population… Et les créations de fonds d’investissement restent embryonnaire au niveau des grandes instances mondiales… Notez également que la réalisation d’infrastructures telles le Canal de Suez et les travaux d’Haussmann ont souvent aboutis à des scandales financiers ou des crises financières… Mais les Etats pourraient instituer des cadres et des normes stables pour favoriser les investissements… L’épargne pourrait alors être mobilisée pour l’orienter vers des placements compatibles avec le développement durable… Et des campagnes ont aboutit au désengagement de plus de 7 200 milliards d’€ dans les combustibles fossiles… Les Villes de Londres et New-York décidant même de sortir les entreprises reposant sur les énergies fossiles, des fonds de pension qui gèrent les retraites de leurs agents, à l’horizon 2023…
Gare cependant, à ce que les effets ne soient pas contreproductifs, car les entreprises pétrolières pourraient aussi faciliter la transition énergétique… Et les contrats devraient de plus en plus intégrés la notion de labels estampillés transition énergétique ou Investissement Socialement Responsable… Selon la Fédération Française de l’Assurance, les fonds gérés par les critères environnementaux atteignent 1 325 milliards d’€… La mobilisation financière en faveur de cette transition n’en est donc qu’à ses débuts… À elle de se baser sur la subsidiarité plus que sur la centralisation…
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